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Arabie Saoudite : l’étonnante mansuétude Française

Les Engagé.e.s | 07 Février 2022

Le 30 décembre 2021, à Djeddah en Arabie Saoudite, explosait un fourgon occupé par 5 français qui s’affairaient aux derniers préparatifs du Paris-Dakar. Depuis, à part quelques prises de paroles officielles et l’ouverture d’une enquête, si peu a été expliqué sur les conditions de cette attaque.

Ce n’est pas la première fois que l’Arabie Saoudite bénéficie d’une telle indulgence. Nous n’oublions pas l’affaire Khashoggi qui n’a eu globalement aucune conséquence sur les relations entre nos pays. Nous pensons à cette guerre inhumaine au Yémen où les règles modernes d’engagement militaire semblent de lointains concepts.

Mais nous pensons aussi à ce 27 décembre, en France cette fois-là, où la préfète ordonnait - à raison - la fermeture de la mosquée de Beauvais car l’Imam y prêchait le combat contre “les chrétiens, les homosexuels, les juifs”. Dans ce cas précis, la réaction de l’Etat est appropriée…mais elle est ponctuelle. Ledit imam de Beauvais - ayant fait ses études en Arabie Saoudite - est représentatif d’un certain courant de pensée qui perturbe nos banlieues Européennes. Que fait l’Etat vis-à-vis de l’Arabie Saoudite, pour éviter que la vision ultra conservatrice de l’Islam portée par le wahhabisme, dont elle est la source, s’insère si profondément dans les moeurs de certaines de nos banlieues ?

Cette affaire du Paris-Dakar (à Djeddah) est une nouvelle illustration de l’ambiguïté des relations entre la France et l’Arabie Saoudite.

1) Certes, aucun mort - et heureusement - n’est à déplorer. Certes, la course, qui fut étonnamment maintenue, et ce, sans restriction particulière, s’est par la suite bien déroulée. Mais enfin, l’Etat Français a-t-il pris toutes les mesures nécessaires pour protéger ses ressortissants, et les autres ? Une des mesures évidentes était d’annuler la course puisque l’organisateur, Français, Amaury Sport Organisation (ASO) avait manifestement perdu le contrôle de la situation.

2) L’enquête ouverte ne livre rien de concret à ce jour car, comme le relate France Info, aucun enquêteur Français n’a pu se rendre sur place pour inspecter le véhicule ou consulter les prises vidéos des caméras de surveillance. Le tout faisant l’objet d’intenses tractations diplomatiques entre la France et l’Arabie Saoudite.

3) Cette requête française d’accéder au véhicule et aux images est la moindre des choses. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un pays avec qui nous entretenons tant de relations sur les plans notamment militaire, énergétique et géopolitique.

4) Le gouvernement a choisi la négociation feutrée afin bien sûr de ne pas froisser notre si cher allié et de ne surtout pas lui faire perdre la face.

Préserver les intérêts des alliés de la France, donc de la France et de son gouvernement, pourquoi pas ? A condition de préserver aussi l’intérêt des Français.

Cela implique d’avoir le courage de clarifier notre relation avec l’Arabie Saoudite afin que nos valeurs soient respectées et que cesse l’ingérence culturelle et spirituelle dans nos territoires.

 

 

 

 

 

source illustration : https://commons.m.wikimedia.org/wiki/File:Gianni_Lora_Lamia_13th_Paris-Dakar_1991_SS_Tumu-Dirkou_Libya.jpg

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