- Le mouvement
- Le Lab de la social-démocratie
- Nos publications
- Actualités
- Evénements passés
- Adhérer
Ce retour qu'on ne veut pas voir - Lettre politique #116
Dans la série « la social-démocratie n’est plus de saison – elle a achevé son cycle historique, il faut passer à autre chose », quelques informations glanées dans l’actualité du jour, qui pourraient peut-être faire réfléchir les Trissotins du commentaire politique.
Aux États-Unis, terre du libéralisme, l’administration Biden veut faire voter par le Congrès un plan de reconstruction de 1750 milliards de dollars, (1500 milliards d’euros, somme colossale) qui vise à améliorer la couverture sociale des Américains et à investir massivement dans les infrastructures et la lutte pour le climat. Plan typique des politiques sociales-démocrates, dont on dit par ailleurs qu’elles sont dépassées.
À Bruxelles, même jour, la Commission européenne propose de transposer en droit européen l’accord de Bâle destiné à prévenir les crises financières en encadrant mieux le fonctionnement des banques, pour limiter les effets néfastes de la spéculation. Les sociaux-démocrates réclament depuis des lustres un meilleur contrôle sur la finance internationale.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
En France, même jour, on se félicite, à juste titre, de la baisse du chômage, qui revient à ses niveaux d’avant-Covid, contrairement aux prévisions apocalyptiques dont la majorité des économistes nous gratifiaient pendant la crise sanitaire. Pourquoi ce miracle ? Parce les gouvernements ont appliqué en grand les remèdes naguère proposés par John Maynard Keynes, l’un des pères des politiques sociales-démocrates : intervention étatique, dépense publique, secours massifs aux salariés. À noter : cette baisse du chômage poursuit le mouvement de baisse initié à la fin du quinquennat Hollande, dominée par une politique sociale-démocrate et réaliste, comme on le lui a tant reproché à la gauche de la gauche.
Au Sénat, même jour, un vote majoritaire confirme l’objectif de 40% de femmes dans les postes de cadres dirigeantes ou dirigeants dans les entreprises et les administrations. On se souvient que c’est un gouvernement social-démocrate, celui de Michel Rocard, qui a introduit la parité femmes-hommes dans les candidatures aux élections et un autre gouvernement social-démocrate, celui de Lionel Jospin, qui l’a constitutionnalisée. Laquelle social-démocratie française demande aujourd’hui qu’on aille directement à la vraie parité (50-50) dans les organes dirigeants du public et du privé.
La veille, le rapport de RTE sur la transition énergétique française confirmait que la seule solution réaliste pour aller vers la neutralité carbone en 2050 consistait à conserver l’énergie nucléaire, tout en développant les renouvelables, à la différence de la droite, qui mise tout sur l’atome et des écologistes, qui veulent avant tout sortir du nucléaire. C’est la social-démocratie qui défend la position intermédiaire, avec un mix nucléaire-renouvelables, le seul qui soit praticable.
On peut faire le même exercice tous les jours : à chaque occasion, on s’apercevra que les idées sociales-démocrates progressent constamment, à bas bruit, dans une atmosphère ambiante identitaire, libérale ou dominée par la gauche radicale. Drôle de déclin, drôle d’effacement, donc. Il reste aux leaders sociaux-démocrates à incarner ce retour en force, et à le transformer en victoires politiques. Nous n’y sommes pas…