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Court-circuit en macronie
Décidément, le courant passe mal entre le gouvernement et l’opinion. Surtout quand il s’agit d’électricité. Disons que c’est un courant alternatif, une version voltaïque du fameux « en même temps » : Macron plus, Macron moins ; Borne positive, Borne négative. Le gouvernement prépare l’opinion au pire – des coupures cet hiver - le président affirme aussitôt que le pire ne se produira pas. Hésitant entre ces deux pôles, la macronie a déclenché un court-circuit politique.
Ce pouvoir est vertical, on le sait, mais cette verticale est zigzagante : une figure géométrique instable. La vérité, c’est que le gouvernement est pris en flagrant délit d’imprévoyance. Quand on laisse mettre à l’arrêt quelque 40% des centrales nucléaires sans anticiper des risques de rationnement électrique, on ne fait pas son boulot. On incrimine la pandémie de Covid ou la guerre d’Ukraine. Mais la première est apparue il y a trois ans et la deuxième il y a un an. En principe, on avait le temps de se retourner. On ne l’a pas fait : il faut envisager la panne.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Survoltée par ces délestages annoncés, la droite affirme que le tout-nucléaire était la solution. Et de charger la gauche de tous les maux en fustigeant les décisions prises il y a dix ans, peu après Fukushima, quand beaucoup considéraient qu’il fallait se reposer moins sur le nucléaire. Le débat est légitime mais n’a pas de rapport direct avec les coupures éventuelles de cet hiver. L’arrêt de Fessenheim devait être compensé par la mise en marche de l’EPR et les centrales prolongées par un « grand carénage » décidé en 2014, sous Hollande, donc. La mise à l’arrêt des centrales procède, non de ces décisions, mais des précautions exigées par l’Autorité de Sûreté nucléaire et de la découverte de fissures dans les centrales les plus récentes, qu’il a fallu arrêter aussi. Toutes choses qui sont apparues sous Macron et non sous la gauche. La droite, pendant ce temps, a mené une campagne virulente contre les éoliennes qui a contribué à retarder le développement des renouvelables. Les procureurs sont aussi coupables.
S’agissant du court terme, le gouvernement est responsable. Pour le long terme, anti-nucléaire et anti-éoliennes doivent faire amende honorable. Les scénarios sérieux (ceux de RTE notamment), montrent qu’on aura besoin, pour sortir des énergies fossiles, des deux sources combinées, le vent et l’atome. En même temps…
Crédit photo : Wikipédia
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Sédition brune
On a longtemps pris le terrorisme d’extrême-droite pour un phénomène très marginal et, pour cette raison, peu dangereux. Le démantèlement d’un réseau séditieux en Allemagne, apparemment prête à attaquer le Bundestag, montre que la menace prend corps. Des réseaux de ce genre existent aussi en France. On combat à juste titre l’islamisme ; voici que le fascisme se met de la partie.
Le Sacré-Cœur est-il sacré ?
Ainsi la basilique qui couronne la colline de Montmartre sera bien inscrite au classement des monuments historiques et donc protégée par l’État et nantie des subventions subséquentes. La droite approuve bruyamment, une partie de la gauche proteste, Jean-Luc Mélenchon au premier chef. La vérité historique conduit à dire que le leader de la France insoumise a globalement raison.
Il est exact que les initiateurs de la construction du Sacré-Cœur, deux fervents catholiques, souhaitaient un monument qui symbolisât l’expiation des péchés de la France après la défaite de 1870. Mais c’est aussi un fait que toute la droite de l’époque, qui appuyait le régime « d’ordre moral » du maréchal de Mac Mahon, voyait en l’érection de la basilique une manière de stigmatiser « les crimes de la Commune ». Rappelons que l’incroyable répression menée par les soldats versaillais missionnés par Adolphe Thiers avait causé, non pas 32 000 morts, comme le dit Mélenchon, qui exagère, mais au moins 7 000 morts chez les ouvriers révoltés, chiffre déjà énorme. Certes, les communards se sont livrés à des excès condamnables, tels que l’incendie du palais des Tuileries ou l’exécution des « otages » de la rue Haxo (50 personnes fusillées, dont l’archevêque de Paris, Georges Darbois), mais ils ont été très largement dépassés par la tuerie de la « semaine sanglante », dont le but avoué était bien de punir le peuple parisien et d’éradiquer les plus actifs des militants du mouvement ouvrier. Les autorités parisiennes et nationales voient dans le classement un geste de réconciliation nationale et il est vrai qu’entre temps, les rapports entre l’Église catholique et la gauche française ont beaucoup évolué. Il n’empêche : on ne peut s’étonner que des responsables de gauche trouvent saumâtre la sacralisation du Sacré-Cœur, symbole manifeste de la vengeance d’une France contre l’autre.