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Dupont et Dupond chez LR
Le duel Ciotti-Retailleau pour la présidence de LR ? Une bataille de jumeaux.
Les deux candidats ont adopté la légendaire rhétorique des deux policiers à chapeau melon qui hantent les albums de Tintin, symbolisée par la célèbre locution : « Et je dirai même plus… » Ciotti : « il sauver l’identité française ». Retailleau : « Et je dirai même plus, il faut sauver l’identité française ». Ciotti : « Il faut mettre fin à l’immigration sans contrôle ». Retailleau : « Et je dirai même plus, il faut mettre fin à l’immigration sans contrôle ». Ciotti : « Il faut une droite fière ». Retailleau : « Et je dirai même plus : il faut une fierté de droite ». Chapeau noir et noir chapeau.
Les militants LR choisiront sans doute Dupont-Ciotti, qui parle en général le premier, obligeant Dupond-Retailleau à une solennelle duplication. Ciotti avait déjà appliqué la même stratégie lors de la primaire pré-présidentielle, réalisant un score inattendu face à Valérie Pécresse, laquelle s’est effondrée en cours de route, valorisant par là-même le discours très droitier de son concurrent immédiat.
L’ennui, bien sûr, est que ces dialogues burlesques ne sont pas signés Hergé, mais Marine Le Pen. Poussés par une base de plus en plus réactionnaire, les chefs de LR veillent à creuser un fossé idéologique profond avec le macronisme « progressiste » et utilisent la terre ainsi extraite, tel le sapeur Camember, pour combler celui qui les sépare du lepénisme. Retailleau imite Ciotti qui imite Le Pen. Voilà qui traduit avec éclat l’emprise culturelle de l’extrême-droite sur les militants LR.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Évitons les clichés : cette tactique n’est pas toujours absurde. En 2007, Nicolas Sarkozy s’était fait élire en reprenant certains thèmes lepénistes dont il avait pimenté son discours, siphonnant une bonne partie des voix de l’extrême-droite. Ciotti adopte la même tactique, même si Sarkozy, cette fois, conseille à la droite de s’allier avec Macron, lequel ne demande que cela.
Au-delà du comique involontaire, tout cela n’a rien de rassurant. Car si cette triangulation échoue, si la droite ne parvient pas à reprendre du terrain sur le RN en reproduisant son discours, elle n’aura d’autre choix pour survivre que de s’allier avec lui, tombant dans le piège qu’elle aura elle-même tendu. Tels Dupont et Dupond dans « Tintin au pays de l’or noir », tombant dans un lac parce qu’ils poursuivaient un mirage.
Crédit photo : La Libre.be
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