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En Marche avec la droite ? - Lettre politique #76
Le Figaro, doté d’un bon service politique, croit discerner ce matin une tentation nouvelle en macronie : s’allier avec la droite pour affronter les prochaines échéances électorales. Les stratèges LREM promoteurs de ce rapprochement espèrent par ce truchement rallier un tiers au moins de l’électorat traditionnel de LR, ce qui conforterait leur place de favori pour le premier tour et conjurerait, espèrent-ils, le spectre d’une victoire de Marine Le Pen au second.
On peut rapprocher cette neuve attirance des sondages récents qui révélaient la fragilité du candidat Macron en cas de duel avec la cheffe du RN, laquelle flirte dans plusieurs enquêtes avec les 50% au second tour. L’hypothèse aurait l’inconvénient d’officialiser la mue d’En Marche, qui court depuis le début après l’électorat de droite, et qui s’en ferait in fine le principal héraut. Ainsi la douteuse novation du « en même temps » apparaîtrait pour ce qu’elle est : une entreprise artificielle qui a servi une fois pour gagner la présidentielle mais qui, tel un fusil à un coup, n’a plus de munitions pour la suite. Ce serait la nouvelle acception de l’acronyme LREM : LR avec Emmanuel Macron.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Signe des temps : le risque d’une victoire du RN pourrait bien dominer la campagne de 2022. Quelle candidature pour écarter à coup sûr le danger d’extrême-droite ? Toute force politique digne de ce nom devra répondre à la question. Xavier Bertrand l’a compris, qui mise sur l’ambiguïté d’une droite sociale et populaire, dure sur les questions d’insécurité et d’immigration, mais ouverte sur la gauche grâce à un programme social et républicain, qui faciliterait le ralliement d’électeurs progressistes au second tour. Mais les premiers débats lèveront sans doute l’ambiguïté et ses positions sur les sujets de fiscalité, notamment sur la suppression de l’ISF, pourraient pousser vers l’abstention un électorat de gauche jusque-là hésitant.
Et la gauche ? Elle aussi sera jugée à l’aune de la menace Le Pen. Elle devra passer le premier tour – entreprise déjà malaisée dans l’actuel rapport des forces – mais aussi battre au second une Marine Le Pen qui ne manquera pas de poursuivre son opération Raminagrobis, ce chat faussement rassurant, toutes griffes rentrées et ronronnante à souhait. Imaginons un Mélenchon présent face à elle pour l’ultime scrutin. Comment empêchera-t-il les électeurs de droite, de plus en plus sensibles aux thèmes d’identité et de sécurité, de rejoindre un RN ripoliné ? Mission impossible. Mélenchon au premier tour, c’est Le Pen au second.
Il n’est qu’une solution à cette équation : une candidature de gauche crédible aux deux tours, qui récupère au premier les déçus du macronisme et rallie au second les démocrates allergiques à la nature intolérante du RN. Peut-elle venir de l’écologie ? Peut-être, mais les Verts ne rallient aujourd’hui qu’un électorat urbain et moderniste. Ils aiment la nature, tel le rat des champs de La Fontaine ; mais ce sont pour l’instant des rats des villes. Reste l’hypothèse social-démocrate, celle d’une gauche populaire unie, renouvelée, crédible dans sa conversion social-écologique. Pour cela, il faut travailler dès maintenant et continuellement au rassemblement, d’abord sur un projet. Nous y travaillons !