Euthanasie et liberté

Laurent Joffrin | 13 Septembre 2022

Une nouvelle loi sur la fin de vie ? Au bout du compte, on verra qu’elle est nécessaire. Il s’agira bien, en effet, de l’ouverture d’un nouveau droit, d’une nouvelle liberté, celle de choisir sa fin de vie en cas de maladie incurable donnant lieu à des souffrances insupportables. C’est ainsi qu’il faut concevoir - sous de strictes conditions - l’évolution législative qui sera discutée dans les mois qui viennent.

Ces dramatiques décisions sont aujourd’hui encadrées par la loi Claeys-Leonetti, votée pendant le quinquennat Hollande. Sous réserve d’une volonté clairement exprimée par le patient, quand il peut se manifester ou selon les « directives anticipées » qu’il a rédigées - et si sa fin est imminente - les médecins ont aujourd’hui le droit de procéder à une « sédation prolongée » qui aboutit à son décès. Ils lui épargnent ainsi de grandes souffrances et évitent ce qu’il est convenu d’appeler « l’acharnement thérapeutique », douloureux et sans espoir. Mais la loi ne couvre pas les cas de malades incurables soumis à de grandes douleurs dont la fin est plus lointaine et qui se voient imposer un martyre dont ils ne veulent pas. On se souvient de l’exemple d’Anne Bert, cette femme qui a dû aller à l’étranger pour abréger la prévisible géhenne que la législation lui promettait. D’où l’idée d’autoriser clairement une euthanasie strictement encadrée.

La chose n’ira pas de soi et les oppositions sont certaines. Les unes sont légitimes : on arguera du nécessaire respect de la vie, principe essentiel de nos sociétés, de la difficulté de s’assurer que le malade n’est pas soumis à des pressions de son entourage et que sa volonté est bien ferme et continue, du risque de voir s’instaurer un « droit au suicide » bientôt banalisé.

D’autres le sont moins : celles qui émanent des courants les plus conservateurs. Certains agitent déjà le spectre de la « rupture anthropologique », notion venteuse qu’on a déjà utilisée pour combattre le mariage pour tous. Or le droit de choisir sa fin (sous conditions, bien sûr) existe déjà dans plusieurs pays, en Belgique, en Espagne ou en Suisse, par exemple, où Jean-Luc Godard a choisi d’y recourir. On ne sache pas que ces sociétés aient été, depuis, minées par une décadence générale des mœurs et des lois. Le terme « anthropologique », au vrai, couvre un préjugé d’origine religieuse, respectable en soi, mais qui ne saurait inspirer la loi dans un pays laïque.


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La future législation devra donc écarter les arguments fallacieux issus des cercles traditionalistes, mais aussi tenir le plus grand compte des légitimes interrogations que cette exception au principe de protection de la vie humaine peut susciter. Les solutions sont connues : conditions strictes garantissant le libre exercice de la volonté du patient, décision collective des médecins établie par une procédure adéquate, généralisation des unités de soins palliatifs qui permettent aux malades en fin de vie d’être entourés par des équipes expérimentées. A ces conditions, une fois dissipées les fumées de la campagne que les plus conservateurs ne manqueront pas d’organiser, la nouvelle loi marquera un progrès dans l’exercice des libertés individuelles dignes d’un pays dégagé des anciens préjugés.

 

Crédit photo : Planet.fr


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Les enregistrements sont accablants. Le site Mediapart a publié des extraits de conversations entre le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, son directeur de cabinet et le premier adjoint Gilles Artigues. Il en ressort de manière limpide que le maire a bien participé à une entreprise de chantage à la vie privée sur son premier adjoint (qui a démissionné depuis). Si elle est confirmée par l’enquête – on voit mal comment il en serait autrement – on aura rarement vu manœuvre aussi ignominieuse. Perdriau a été exclu par la direction de LR. On se demande pourquoi son conseil municipal ne l’a pas déjà contraint à la démission…

 

Même avec toutes les précautions d’usage en temps de guerre, il semble bien que la contre-offensive de l’armée ukrainienne ait abouti à des résultats significatifs à l’est du pays. On pensait la chose totalement impossible au début
du conflit : voilà qui conforte la stratégie des démocraties dans le conflit et qui invalide, s’il en était besoin, le discours munichois du lobby pro-russe en France, à droite et à gauche.

Laurent Joffrin

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Président du mouvement @_les_engages