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L’automne de la NUPES
Pour ses promoteurs, la NUPES est une réussite. L’argumentaire est connu : en concluant une alliance pour les législatives, les quatre forces de la gauche – socialistes, écologistes, communistes et insoumis – ont sauvé les meubles. Elles ont constitué un groupe significatif à l’Assemblée, qui a tenu le rôle d'une opposition frontale visible sur la scène nationale.
Pourtant la satisfaction affichée par ses chefs de file cache un bilan moins triomphal. En un été d’affrontement parlementaire, la gauche n’a rien obtenu de concret pour ses électeurs : affaiblie, la majorité macronienne a trouvé un soutien auprès de la droite classique pour faire passer ses projets. Au passage, l’agressivité d’une opposition de gauche dominée par LFI a permis au Rassemblement national d’apparaître comme une force responsable décidée à présenter une alternative crédible au pays. Au total, on constate que cette union radicalisée n’a pas gagné une seule voix par rapport à son niveau – très bas – de 2017, alors que droite et extrême-droite ne cessent de progresser dans l’opinion. Au jour le jour, la domination de LFI sur l’alliance lui donne une tournure abrupte et radicale qui fait passer ses partenaires au second plan, le PS notamment.
Cette gauche mélenchonisée a de surcroît défendu des positions aberrantes dans la crise ukrainienne. Les députés LFI, très majoritaires au sein de la NUPES, ne veulent pas livrer d’armes à l’Ukraine ; ils ont voté contre l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, ce qui revient, dans les deux cas, à se conduire en auxiliaires de Poutine, c’est-à-dire à l’opposé de nos valeurs démocratiques et européennes. Pour faire bonne mesure, Mélenchon s’est aligné sur Pékin dans la crise de Taïwan et LFI sur les positions du Hamas dans le conflit israélo-palestinien. Le tout donne l’image d’une gauche arc-boutée sur des positions antédiluviennes, qui voit le danger à l’ouest quand l’agression vient de l’est.
Ces remarques ne ressortissent en rien d’un refus de l’Union de la Gauche. Rappelons que les électeurs aujourd’hui rebutés par la NUPES votaient auparavant pour l’ancienne union de la gauche. Mais c’était dans une configuration où l’attelage n’était pas dominé par son aile radicale. Il y a fort à parier que cette coalition bancale plafonne rapidement dans l’opinion et se ferme le chemin du pouvoir. Pourtant la victoire électorale est le seul moyen de mettre en œuvre les réformes nécessaires au redressement du pays et à l’amélioration du sort des plus défavorisés. Autrement dit, pour retrouver l’espoir de gouverner un jour, la gauche doit rétablir l’équilibre entre son pôle radical et son pôle réformiste.
Cet impératif se décompose en deux lignes d’action : renouveler le logiciel du socialisme démocratique, qui doit être une force réaliste de transformation sociale ; unifier les forces dispersées qui partagent ces idées, pour renégocier ensuite un pacte d’union de la gauche qui puisse l’emporter. Pendant ce même été, plusieurs initiatives sont allées dans ce sens : celles de Stéphane Le Foll, de Bernard Cazeneuve, de Jean-Christophe Cambadélis et, à l’intérieur du PS, d’Hélène Geoffroy ou de Carole Delga. Il leur reste à accentuer leur action et à unir leurs forces. Hors de cette stratégie, point de salut.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
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