- Le mouvement
- Le Lab de la social-démocratie
- Nos publications
- Actualités
- Evénements passés
- Adhérer
La démocratie selon LFI
La modernité est décidément en marche. Chacun sait que les partis politiques traditionnels sont désormais des entités désuètes, dépassées et coupées du peuple. La preuve : conduites pour des raisons variées à renouveler leurs organes dirigeants, ces organisations antédiluviennes ont eu le front de recourir à cette méthode usée jusqu’à la corde, qui consiste à organiser un vote interne des militants pour choisir une ligne politique et départager les candidats à la direction. Ainsi, au terme de votes réguliers, le parti de droite LR vient de porter le pavois Éric Ciotti, le parti écologiste a désigné comme cheffe de file Marine Tondelier et le Parti socialiste s’apprête à voter en janvier pour reconduire – ou non – Olivier Faure à son poste de Premier secrétaire. En octobre, le Rassemblement national, quoique fort peu républicain, avait procédé à un scrutin du même tonneau pour désigner Jordan Bardella à la succession de Marine Le Pen contre son concurrent Louis Alliot. Ringardisme généralisé…
Parti novateur, tourné vers un avenir radieux, inspiré de théories politiques d’avant-garde, la France insoumise s’est bien gardée de succomber à ce lamentable conformisme. Contrainte de remplacer Adrien Quattenens, écarté pour cause de violences conjugales (violences minimales selon Mélenchon), LFI a convoqué une réunion composée à dessein par la direction – mais qualifiée de « représentative » - pour désigner Manuel Bompard, lieutenant fidèle du lider Mélenchon, comme organisateur en chef du mouvement. De manière à gagner en efficacité et en modernité, les initiateurs de cette procédure se sont abstenus de convoquer certains poids lourds du mouvement, tels Clémentine Autain, François Ruffin, Éric Coquerel ou Alexis Corbière. Ceux-ci sont invités à rejoindre un comité Théodule à voix strictement consultative. Comme le disent les dirigeants de LFI : pourquoi s’embarrasser d’un débat laborieux entre minorité et majorité?
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Aussi bien, toujours tourné vers la novation populiste, le parti qui domine la NUPES jette aux orties l’archaïque règle logique de non-contradiction qui voudrait qu’on tienne un discours cohérent en politique. LFI ne cesse de dénoncer – souvent à juste titre - la « verticalité » du pouvoir macronien, son ralliement à la monarchie républicaine organisée par la Vème République, mais fait exactement la même chose dès qu’il s’agit d’assurer le pouvoir de son fondateur Jean-Luc Mélenchon, dont on devine qu’il veut un mouvement à sa main pour éviter l’émergence de dauphins potentiels. Moderne, résolument moderne…
Crédit photo : 20 Minutes
ET AUSSI
Carton rouge au Parlement européen
Glamour à souhait, ancienne présentatrice de télévision, la vice-présidente du Parlement européen avait salué la réussite de la « diplomatie sportive » qui avait, selon elle, entraîné des avancées majeures vers le respect des droits humains au Qatar. Las ! Selon la justice belge, Eva Kaïli, socialiste en délicatesse avec son parti, liée à un petit groupe d’aigrefins infiltrés au Parlement, appuyait son raisonnement sur quelques sacs de billets rebondis, discrètement remisés dans son appartement, dont les juges bruxellois affirment qu’ils venaient du Qatar.
Devant le succès populaire – prévisible – de la Coupe du monde de football, les esprits forts avaient tourné en dérision les appels au boycott lancés par des militants des droits humains. Ceux-ci avaient-ils tort ? Déjà polluante et exploiteuse, la compétition qatarienne est désormais entachée de sérieux soupçons de corruption. Voilà qui mériterait un détour par la VAR (Video Assistant Referee). Même après le coup de sifflet final.
Scissiparité trotskiste
On est toujours le réformiste de quelqu’un. Philippe Poutou et la direction du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), héritier de l’antique Ligue communiste d’Alain Krivine, sont vivement contestés par des minorités bruyantes qui l’accusent de dérive mollassonne. Leur crime ? Prôner un rapprochement – dans les luttes – avec la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, lui-même ex-trotskiste, mais d’une autre faction, qui a construit sa fortune politique sur la dénonciation… du réformisme. Poutou a rétorqué que ces deux minorités, plus radicales que les radicaux, ne pouvaient plus cohabiter avec la majorité. Scission en vue, donc, au sein de ce parti révolutionnaire qui enfantera un groupuscule toujours plus révolutionnaire…