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La droite contre le climat
Immuable dramaturgie des COP, qui suscitent, en général, plus de découragement que d’espoir, plus d’ennui que d’excitation. Les scientifiques s’alarment, les ONG se lamentent, les politiques promettent beaucoup et tiennent peu. Au bout du compte, certes, les choses changent. Mais trop peu, trop lentement ou trop partiellement. Le public en tire un angoissant sentiment de scepticisme et de pessimisme.
C’est aussi que les débats, tenus sous l’égide de l’ONU, sont, par la force des choses, dépolitisés. La société d’un côté, les gouvernements de l’autre ; la première s’inquiète, les seconds temporisent : telle est la permanente opposition, mise en scène ad nauseam par la vulgate journalistique. On ne souligne jamais assez, dans ce ballet immuable, que ces gouvernements sont idéologiquement disparates, et que leur attitude envers le climat découle de leur orientation politique, ce que l’ONU ne peut pas dire. Résumons.
Pour les nationalistes, l’identité prime. Il faut conjurer un soi-disant déclin, exalter la souveraineté, lutter contre l’immigration. Le climat passe au second plan.
Pour les libéraux, le marché prime. Il faut baisser les impôts, résister à la réglementation, favoriser le profit, maintenir le libre-échange. Le climat attendra.
Pour les dictatures, la puissance prime. Il faut réprimer les opposants, contrôler la vie politique, renforcer l’économie et l’armée. Le climat vient ensuite.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Seuls les gouvernements de gauche, sociaux-démocrates et écologistes alliés, regardent les choses en face. Ils s’essaient à des réformes plus profondes – plans climat, sobriété, renouvelables, mobilité propre – et savent que pour rallier les plus modestes à cette cause, il faut une politique de justice sociale. Mais ils sont minoritaires dans le monde.
Autrement dit, chaque victoire de la droite ou de l’extrême-droite, en Suède, en Grande-Bretagne, en Italie, en Hongrie, en Pologne, peut-être demain aux États-Unis, est une défaite pour le climat. Quand il faut instaurer une coopération internationale, agir collectivement, confier à l’État des tâches de planification, taxer les classes riches, changer les comportements, le souverainisme se met en travers, le nationalisme parle d’autre chose, le libéralisme brandit le drapeau de la libre entreprise. Certains écologistes affirment toujours que l’enjeu climatique dépasse le clivage droite-gauche. Funeste brouillard…
Crédit photo : RCF
ET AUSSI
Le RN en difficulté ?
La scandaleuse sortie d’un député Rassemblement national suscite une juste et sonore indignation. Certains commentateurs en déduisent que le RN, de nouveau diabolisé, en pâtira. Malheureusement, rien n’est moins sûr. La forme mise à part, les deux tiers des Français, interrogés par sondage, pensent aussi qu’il faut renvoyer les réfugiés chez eux : il y a tout à parier que l’influence du RN continuera à s’exercer. L’indignation morale est compréhensible ; elle ne remplacera jamais la définition d’une politique courageuse et humaine, qui donne le sentiment à l’opinion que l’immigration, nécessaire et souvent utile, est maîtrisée par les gouvernements.
Le Foll en forme
On lira avec profit le long papier que Stéphane Le Foll publie dans l’Obs. On y trouvera la synthèse vigoureuse des critiques constructives que la gauche libre adresse à l’actuelle stratégie de la NUPES, et dont cette lettre s’est souvent fait l’écho. Il y a décidément un espace politique entre le libéralisme cauteleux d’Emmanuel Macron et les errements de la radicalité verbale. Encore faut-il l’organiser…