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La pique de Mélenchon
La manie qu’a Jean-Luc Mélenchon de dire à peu près n’importe quoi pour créer le buzz se confirme chaque jour. Ainsi de son poulet numérique destiné à galvaniser ses troupes pour la manifestation du 16 octobre contre la vie chère. "Le 5 et le 6 octobre 1789, les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi, la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre.". Outre que les dates ne correspondent pas (dix jours d’écart, aucun anniversaire, donc), la comparaison revient à présenter un président deux fois élu par le peuple comme un souverain de droit divin (ce qu’était Louis XVI et ce que n’est pas Macron, quels que soient ses défauts), mais surtout à appeler les manifestants à « faire mieux », et donc, on peut le supposer, à marcher sur le lieu du pouvoir (Versailles à l’époque, l’Élysée aujourd’hui) pour placer le chef de l’État sous le contrôle « du peuple » (lequel, en l’occurrence ?). Au pied de la lettre : un appel à l’insurrection violente contre la présidence de la République, ce qui exhale des relents factieux et n’a aucun rapport avec la manifestation prévue.
Mélenchon s’est ensuite défendu en arguant que la manifestation de 1789 n’était pas violente. Encore raté. Elle l’était certes moins que d’autres, mais elle a tout de même abouti à l’invasion brutale du palais et au meurtre de quelques défenseurs, dont la tête a été ramenée en tête du cortège de retour, portée au bout d’une pique. Le défilé du 16 octobre marchera-t-il derrière la tête coupée de quelque pandore macronien ?
L’outrance est telle que le patron du PS s’est vu contraint de se désolidariser des propos de son chef de NUPES. Sur un ton très déférent, il a fait remarquer que « la provocation n’est pas toujours le meilleur moyen de se faire entendre. Il n’y a plus ni roi ni reine. Nous n’aurons ni pique ni fourche. » Utile rappel, quoique très modéré : en dépit de ces propos irresponsables, le PS appelle toujours à marcher derrière le chef de LFI, quelles que soient les bêtises qu’il ait pu proférer.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Mathilde Panot, cheffe du groupe parlementaire LFI, croit éteindre le feu en rassurant Faure : « Cher Olivier, pas d’inquiétude. Ce que nous aurons en commun, du 5 et 6 octobre 1789 au 16 octobre 2022, c’est la colère et la révolte face à l’injustice. » C’est effectivement la seule chose qui rapproche les deux événements. Tout le reste est faux et outrancier. Traduction réelle du message de Panot : « Le vieux a encore dérapé, je préfère m’en tenir à la dénonciation de l’injustice. Au moins, ça ne mange pas de pain… ». Il arrivera un moment où les dirigeants de LFI traiteront Mélenchon comme les lepénistes traitent le vieux Le Pen : une sorte de grand-oncle atrabilaire et intempestif qu’on met en bout de table les jours de repas familial, ou qu’on évite de faire venir.
En attendant la gauche française, habituée tout de même à mieux, est toujours à la remorque d’un parti populisto-radical qui ne cesse de perdre en crédibilité, entraînant toute la coalition vers le fond.
Crédit : Alamy
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