PRESIDENTIELLETaubiraPrimaire populaireDémocratie en question

La primaire parcellaire

Laurent Joffrin | 31 Janvier 2022

Ainsi Christiane Taubira vient d’être désignée au cours d’une « primaire populaire » qui n’est pas une primaire et dont personne ne sait si elle est vraiment populaire, puisqu’elle a rassemblé… 0,8% des électeurs. Quelque 300 000 votants mystérieux ont formulé des préférences incertaines dans un processus opaque fondé sur une liste composée de candidats inconnus et de candidats connus qui n’étaient pas candidats, sauf Taubira, impétrante poétique et sans programme, le tout au terme d’un débat inexistant autour d’une plate-forme imprécise. On dit « primaire ». Mais une primaire débouche sur une décision, qui adoube l’une, ou l’un, et qui élimine les autres par souci de clarification. Dans cette affaire, l’une est adoubée mais les autres sont toujours là.

 


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Certains ont parlé d’un vaste sondage. Mais les sondages, malgré tous leurs défauts, sont fondés sur des échantillons représentatifs. Cette fois les personnes interrogées, connues des seuls organisateurs, ne répondent à aucun critère scientifique minimal dans ce genre d’exercice. On a en fait appris que ces votants, respectables mais nébuleux, préfèrent Christiane Taubira, la seule à se présenter parmi les candidats à la présidentielle, à celles et ceux qu’ils ne connaissaient pas ou qui avaient récusé d’avance la consultation. Biais massif, donc, qui débouche sur un simple ordre de préférence, ce qui apparente l’exercice à la cote des personnalités publiées par le JDD ou Paris-Match, plus qu’à un scrutin électoral. Taubira est choisie. Mais est-elle vraiment la candidate souhaitée par l’électorat de gauche ? Les sondages – les vrais – disent autre chose, puisqu’ils placent les mêmes personnalités dans un ordre différent. Voici donc une septième candidate. On a voulu tout simplifier ; on a tout compliqué.  

Laurent Joffrin

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Président du mouvement @_les_engages