L’Europe (l’Union européenne) et le monde globalisé sont un sujet de discorde à gauche, car ils sont assimilés au libéralisme et à l’économie de marché. La gauche a été prise à contrepied par ses engagements européens. Certes, elle a bâti un espace démocratique, économique et monétaire uni, exceptionnel dans le monde. Mais elle voulait aussi une Union solidaire et protectrice. L’Europe s’est révélée bien plus libérale et contraignante qu’on ne le souhaitait à gauche et c’est à la social-démocratie qu’on en a fait porter la responsabilité.

Notre République a toujours occupé et occupe toujours une position forte sur la scène européenne et internationale. Il n’est pas question d’y renoncer, d’autant moins que c’est en s’affirmant ainsi, tout en collaborant avec ses partenaires historiques, qu’elle sera en mesure d’affirmer ses valeurs sociales et de faire infléchir ou de corriger progressivement les politiques libérales et antisociales. La France a donc besoin de l’Europe et du monde tout autant que l’Europe et le monde ont besoin de la France.

La gauche doit réaffirmer un projet européen fondé sur des objectifs tel la sécurité sanitaire ou un « green new deal ».  L’Europe doit aussi savoir protéger ses entreprises et ses travailleurs, en créant une taxe kilométrique ou une taxe carbone. La souveraineté numérique européenne passe aussi par un meilleur contrôle des technologies étrangères diffusées sur son territoire. La gauche, pour être crédible sur les scènes européenne et internationale, ne peut tenir un discours anti-européen ou anti-mondialiste : elle doit tenir un discours d’intégration, de cohésion et de progrès qui soit fidèle à ses valeurs et d’abord tourné vers les classes populaires, les minorités et les défavorisés. Il y a un socle sur lequel elle peut se retrouver : les valeurs sociales, les droits fondamentaux, la défense de l’écologie.