Bien que la laïcité soit traditionnellement une valeur de gauche, elle semble avoir disparu du discours politique à gauche, laissant les Français désemparés face à la réapparition du fait religieux.

La laïcité tend à être réduite au traitement politique de chaque communauté religieuse. Pourtant, la laïcité transcende par définition le dialogue interreligieux, pour inclure les croyants comme les athées dans une définition commune de l’État et de la liberté de conscience. 

Cette incapacité à construire un discours sur la laïcité est d’autant plus problématique que la question du rapport au fait religieux refait surface. Au-delà de la question de la place de l’islam en France, on observe une augmentation des inscriptions dans les écoles confessionnelles et une multiplication des églises évangélistes. 

Le risque serait de laisser le Front national se saisir de ce sujet et choisir les termes du débat. 

Une parole de gauche sur la laïcité n’implique pas de toucher à la loi de 1905, mais d’en expliciter, voire d’en moderniser l’application dans la France du XXIe siècle.

Historiquement, la loi de 1905 est une loi de compromis et d’unification de la gauche. Néanmoins, ce sujet semble être passé au second plan : la laïcité n’est plus un sujet juridique mais un sujet sociétal. Les questions que se posent les citoyens ne portent pas sur le financement des cultes en France, mais sur la place de la religion dans leur vie quotidienne (peut-on porter un signe religieux à l’université ? au sein d’un l’hôpital public ? quelle place pour la religion en entreprise ?).

La laïcité est au final un concept très mal compris, ce qui nourrit l’hystérie ambiante autour du fantasme d’un islam conquérant ou d’une radicalisation de certaines (de toutes ?) religions. La loi de 1905, n’est pas un texte d’interdiction, mais un texte qui affirme la liberté et l’égalité des individus dans la sphère publique.