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Le glaçant Darmanin - Lettre politique #94
Audrey Pulvar trouve « glaçante » la manifestation anti-justice des policiers devant l’Assemblée nationale ; Gérald Darmanin saisit l’occasion pour l’attaquer devant ladite justice pour diffamation envers l’institution policière.
Plainte sans aucun fondement juridique : chacun a le droit d’avoir un avis sur une manifestation publique, serait-il très négatif. Plainte qui finira évidemment à la poubelle réservée aux procédures lancées sans biscuit, uniquement pour le buzz. Darmanin veut adresser un message à ses troupes qui se rebellent contre le gouvernement, en déviant le tir de LBD idéologique du syndicat Alliance qui lui était adressé sur la candidate soutenue par le PS. Il avait déjà manifesté avec les policiers, c’est-à-dire contre lui-même et son propre gouvernement, espérant par cette manœuvre échapper à l’ire de la maréchaussée. Ce ministre n’est plus le « premier flic de France », selon le mot de Clemenceau mais, comme l’a dit justement dans une émission Benoît Thieulin, secrétaire général des Engagés, le « premier syndicaliste policier de France », aggravant encore, à des fins de communication, la confusion des rôles qui fait tant de mal à la vie politique. Glaçant…
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Audrey Pulvar a légitimement mis en cause cette manifestation. On pouvait penser qu’elle était avant tout un geste de solidarité envers les policiers agressés ou tués mais elle a dégénéré en injuste procès de la justice, avec un fort parfum RN. La plainte de Darmanin, effet inattendu, met en valeur la courageuse campagne de la candidate dans l’élection d’Ile-de-France. Éloquente élection pour la gauche : les trois forces qui l’incarnent, insoumise, écologiste et socialiste, sont à égalité, chacune autour de 10% des intentions de vote, c’est-à-dire qu’elles risquent toutes les trois l’élimination au premier tour. Mais un esprit un tant soit peu arithmétique remarquera que le « total gauche » se situe aux alentours de 30%, autrement dit à peu de distance du score annoncé de la favorite, Valérie Pécresse. Effet mécanique de la division, bien sûr. Mais aussi résultat de l’affaiblissement du pôle réformiste. En temps normal (mais ancien), les socialistes dominaient leurs partenaires (à leur grand dam) mais offraient, par cette concentration des votes sur leur candidat, la victoire à la gauche tout entière, serait-elle divisée. Nostalgie des temps révolus ? Certes. Mais aussi raisonnement irréfutable : la gauche ne peut gagner sans une force réformiste rénovée et rétablie. La leçon vaut aussi pour la présidentielle, on ne se lassera jamais de le dire.