- Le mouvement
- Le Lab de la social-démocratie
- Nos publications
- Actualités
- Evénements passés
- Adhérer
Le monologue social
Quand 300 000 « gilets jaunes », au plus, manifestent à Paris et sur les ronds-points dans un climat d’insulte, de violence et de déprédations, le gouvernement leur accorde quelque dix milliards sans barguigner.
Quand un million de personnes défilent par trois fois dans le calme partout en France, soutenues par les deux tiers de la population, le gouvernement ne lâche rien. Ainsi va le « dialogue social » dans la France macronienne.
Au vrai, Élisabeth Borne a fait quelques concessions. Mais elles ont pour seul but d’amadouer le parti LR, sans lequel le projet contesté risque d’échouer au Parlement. Elles découlent, non d’une volonté d’apaisement, mais de tractations de coulisse entre deux droites, l’une dans l’opposition, l’autre au pouvoir, destinées à dégager une majorité à l’Assemblée. Dialogue social ? Non : une fois l’accord conclu, ce dialogue politique se change en monologue social.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Sous la houlette de Laurent Berger, avec l’accord de Philippe Martinez, la protestation se tient au strict cadre légal et pacifique ; les syndicats, y compris les plus remuants, ont même refusé de perturber le trafic pour le prochain défilé prévu samedi 11 février, jour de départ en vacances pour les familles françaises. Unies dans l’action, les organisations de salariés veulent conserver un appui populaire qui ne cesse de se renforcer au fil des explications ministérielles. Mais en l’absence de toute discussion, de toute concession, de tout contact, la base syndicale estimera bientôt que ces moyens ne suffisent pas. Le risque est grand de voir réapparaître les grèves reconductibles, les blocages de grands réseaux de transport ou d’énergie, les cortèges plus agressifs et moins maîtrisés. Dans cette hypothèse, cette majorité censée moderniser le pays aura fait revenir la négociation sociale au stade de l’affrontement stérile et de l’amertume.
Crédit photo : Franceinfo