Le temps des possibles

Bienvenue sur la plateforme programmatique des Engagé.e.s : « Le temps des possibles ».

Elle est le résultat d’une grande entreprise collective commencée en septembre 2020 avec les adhérents du mouvement.

100 propositions crédibles et audacieuses sont aujourd’hui présentées. Elles ont été construites autour de trois axes : pour rétablir la confiance, organiser une relance verte et assurer à chacun les moyens de choisir sa vie.

Cette première plateforme est désormais soumise au débat public et aux discussions qui doivent réunir les différents courants de la gauche.

Si vous souhaitez participer à la deuxième phase de nos travaux, nous vous proposons de rejoindre l'un de nos 14 groupes de travail thématiques. Vous pouvez également suivre l’évolution de la plateforme en vous inscrivant à notre newsletter.


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  • PROPOSITIONS POUR UNE GAUCHE DE L’ACTION

    La gauche réformiste n’a plus d’idées ? Rien n’est plus faux…

    Décidé à contribuer au renouveau de la République autour de ses valeurs de solidarité, de liberté et de laïcité, notre mouvement présente aujourd’hui ses premières propositions de transformation sociale, écologique et républicaine, que nous soumettons au débat public.

    Ce projet a une seule origine : notre refus de l’injustice. C’est la raison d’être de la gauche. Nous refusons de rester inertes devant les oppressions, les dédains, les arrogances, les renoncements, les fatalismes, les égoïsmes de l’ordre établi. Nous refusons de laisser un capitalisme sans frein dégrader la planète et aggraver ainsi la situation des plus pauvres.

    Celui ou celle qui pense que la gauche a fait son temps, que l’action collective est désuète, que le programme d’une République sociale est épuisé, que l’opposition droite-gauche est dépassée, que l’avenir est fermé, celui-là accepte l’injustice. Il n’est pas des nôtres.

    En mai 2022, Emmanuel Macron nous léguera son héritage : une France à reconstruire. Avec son cortège de souffrances, la crise sanitaire et sociale a aggravé dramatiquement le mauvais bilan d’un quinquennat qui a déprimé l’opinion, affaibli la France et déchiré la société. Emmanuel Macron nous avait promis un « nouveau monde ». Il a accentué les maux de l’ancien. Après quatre années d’une gestion en même temps verticale et erratique, les plus nantis se retrouvent confortés et enrichis, les plus faibles appauvris et angoissés.

    Autant que cette marche archaïque vers un soi-disant « nouveau monde », nous récusons le projet libéral de la droite, inégalitaire et dur avec les plus faibles, tout comme le dogme souverainiste et populiste, qui nous ferait régresser vers l’enfermement nationaliste.

    À ce stade de la discussion, et dans le but de préciser convergences et divergences au sein de la gauche, nous ne craignons pas de marquer notre identité politique pour alimenter nos discussions unitaires.

    • Nous sommes déterminés à préserver la planète par une action publique vigoureuse. La transition écologique est pour nous prioritaire. Mais la question sociale reste centrale. Il s’agit de conjuguer les deux objectifs, l’urgence écologique et l’impératif d’émancipation. Nous ne croyons pas à une transition écologique qui programmerait la décroissance de l’économie et condamnerait les classes populaires à un appauvrissement continu.
    • Nous ne croyons pas plus à l’enfermement communautaire, qui abandonnerait les valeurs universelles pour chercher le salut des minorités dans l’affirmation intolérante de leur propre identité, dans un repli revanchard.
    • Nous croyons encore moins à la rhétorique dégagiste et populiste qui opposerait, dans une dichotomie trompeuse, un peuple homogène et des élites corrompues, les apôtres de la radicalité à un « système » voué aux complots maléfiques.

    Au contraire, il s’agit pour nous de reconstruire une nation solidaire, qui conjugue la liberté de chacun avec l’égalité pour tous. Pour y parvenir, il faut d’abord lui proposer un projet de société, qui lui donne un but, un idéal commun.

    • Nous voulons une France ouverte sur le monde et l’Europe, qui renoue avec son message universel et retrouve son rôle d’éclaireur pour les nations.
    • Nous voulons une France où le pouvoir n’est plus confisqué par une minorité mais rendu aux citoyennes et aux citoyens.
    • Nous voulons une France qui rompe avec un capitalisme inégalitaire et prédateur pour organiser une juste transition écologique et combattre les discriminations de toutes sortes, dans une économie créative, mise au service du bien commun.
    • Nous voulons une France laïque et républicaine, qui garantisse le respect de chacun dans ses convictions et sa liberté d’expression.
    • Nous voulons une France qui oppose à la compétition de tous contre tous, l’émancipation pour tous.

    Seule une gauche de l’action est à même d’accomplir cette mission, loin des incantations creuses et des candidatures de témoignage, en construisant une majorité nouvelle qui mette en œuvre, au gouvernement, les demandes de la société. Il s’agit de réhabiliter la politique, en montrant qu’une action cohérente, rationnelle, qui met les citoyens au cœur de son projet, est à même de changer l’ordre des choses, loin de l’impuissance qu’on impute de plus en plus aux gouvernements démocratiques.

    Cette majorité appliquera trois grands projets, dont les décisions principales doivent être votées en début de quinquennat : un plan d’urgence pour rendre le pouvoir aux citoyens et RÉTABLIR LA CONFIANCE, un plan d’urgence pour réussir une transition écologique réaliste et ORGANISER UNE RELANCE VERTE, un plan d’urgence pour l’égalité, qui permette à chacun de CHOISIR SA VIE.

    • Pour combattre la grave crise de défiance qui mine la vie collective, nous proposons d’ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de la démocratie française. Macron et ses mandants de la classe privilégiée veulent garder le pouvoir ; nous voulons le rendre aux citoyens.
    • Le dérèglement climatique fait peser une menace mortelle sur l’humanité. La transition écologique doit figurer en tête des priorités pour un gouvernement de gauche, sans pour autant se placer sous le signe d’une « religion de la terre », qui séparerait, dans une nébuleuse dichotomie, les « terrestres et les anti-terrestres ». L’écologie est un humanisme ; elle suppose une politique de progrès pour tous. Elle doit comprendre une politique de l’emploi et une garantie de progression du pouvoir d’achat pour les plus défavorisés.
    • Les valeurs républicaines sont notre référence. Mais elles doivent se traduire dans la réalité de tous les jours. Il s’agit de mettre fin aux privilèges de classe et aux discriminations, en bâtissant une société où chacun, en coopération avec l’autre, disposera d’un « pouvoir d’agir » qui lui permette de faire valoir ses talents et de maîtriser son destin.

     

    I. RÉTABLIR LA CONFIANCE

    Nous voulons une Ve République des citoyens.

    Pour ce faire, la Ve République doit être réformée. L’élection du président au suffrage universel est un acquis populaire ; le fait majoritaire permet de garantir la cohérence d’un mandat. Mais nous ne pouvons proroger plus longtemps une monarchie républicaine qui crée frustrations et révoltes en tenant la société à l’écart du pouvoir.

    • Quatre procédures nouvelles offriront aux citoyens le moyen d’intervenir dans les affaires publiques entre deux élections : le rappel par les citoyens des députés défaillants sur le plan déontologique, le référendum d’initiative populaire, le droit de pétition citoyenne, le tirage au sort de Françaises et de Français qui constitueront un organe consultatif permanent auprès de l’Assemblée.
    • L’élargissement des exigences de transparence renforcera l’exemplarité de nos élus, donc de notre République. Le droit de vote à seize ans permettra de renforcer le poids de la jeunesse dans l’électorat ; la prise en compte du vote blanc de constituer des majorités plus légitimes ; la réforme du mode de désignation des sénateurs de mieux légitimer la seconde chambre, contre-pouvoir indispensable à notre équilibre démocratique. Pour faire vivre ce nouvel âge de la démocratie, les citoyens seront sensibilisés dès leur plus jeune âge, à travers l’enseignement d’une instruction civique et laïque qui deviendra une discipline à part entière.
    • Nous proposons de réévaluer le rôle du Parlement en l’élisant le même jour que le Président, de manière à éviter que les élections législatives soient une simple confirmation du scrutin présidentiel et ne débouchent sur des majorités godillots et factices. Chaque année, le président rendra compte de son action devant lui et répondra aux interpellations des parlementaires.
    • Nous souhaitons encourager l’autonomie territoriale, en donnant aux régions un rôle accru, en incitant aux regroupements de communes et en renforçant le statut de l’élu.
    • Nous proposons enfin d’étendre le partage du pouvoir à l’économie, en portant à la moitié le nombre des représentants des salariés présents au sein des conseils d’administration des grandes entreprises.

    Ainsi nous réaliserons le véritable projet républicain : instaurer le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

     

    II. ORGANISER LA RELANCE VERTE

    Il s’agit pour nous de transformer notre mode de production en conjuguant le mouvement civique vers une plus grande sobriété avec une action publique fondée sur la raison, la science et la technologie mises au service de l’humain.

    • Nous voulons maîtriser ensemble le redressement économique et la transition écologique en instaurant une planification démocratique, en organisant la relance verte de l’activité, en adjoignant au PIB des indicateurs de bien-être et en réformant le vote du budget et l’exécution de nos politiques publiques en fonction des objectifs prioritaires du développement durable que la France doit atteindre d’ici 2030.
    • Nous proposons d’engager des investissements publics massifs et créateurs d’emplois, en liaison avec le secteur privé, en faveur de la transition énergétique avec pour objectif prioritaire la décarbonation de notre économie, le développement des énergies renouvelables et un soutien au déploiement d’une filière hydrogène dans l’industrie et la mobilité. Nous proposons une relance verte, un keynésianisme écologique.
    • Parallèlement, chaque citoyen – et chaque citoyenne – disposera d’un bilan carbone individuel qui lui permettra de réorienter sa consommation dans l’intérêt d’une planète vivable. Cette croissance écologique, animée par une action volontaire de l’État et une liaison étroite avec les entreprises, contribuera au recul du chômage grâce au développement d’activités nouvelles.

     

    III. CHOISIR SA VIE

    La relance verte se heurtera à l’opposition populaire si elle ne s’opère pas dans la justice. Elle doit donc être encadrée par une politique de l’égalité.

    Il s’agit d’écrire ensemble le troisième chapitre de la sécurité sociale, qui offre à chacun une protection contre les nouveaux risques engendrés par le monde contemporain, la précarité liée aux nouvelles formes d’emploi, les difficultés d’entrée dans la vie subies par les jeunes générations, les pandémies inédites, les dangers d’une alimentation industrialisée, ou les reconversions inévitables nées de la transition écologique.

    • Nous proposons de mettre en place un vaste « plan égalité » visant à assurer une véritable égalité des chances. Il sera fondé sur un effort éducatif redoublé qui donne à chacun un socle de connaissances qui l’arme pour l’avenir, qui réunisse exigence pédagogique et savoir pour tous. Il comprendra une politique culturelle volontaire qui ouvre à chacun l’accès aux œuvres qui élèvent l’esprit et nous rappellent le sens de la vie.
    • Il instaurera des filières nouvelles de promotion sociale pour les classes populaires, en prévoyant une orientation qui donne toutes leurs chances aux enfants des familles défavorisées et une lutte acharnée contre les discriminations à l’embauche.
    • Il offrira un accès aux soins pour tous en luttant contre les déserts médicaux et fera du sport un vecteur de l’épanouissement, de la santé et du bien-être, dès le plus jeune âge. Il luttera enfin contre l’inégalité dans les quartiers et les zones rurales négligées en assurant la présence des services publics, en alliant une politique sociale anti-ghetto et une politique de sécurité capable de faire reculer la délinquance qui frappe en priorité les classes populaires.
    • Nous proposons enfin de travailler à la réunification de la société française, d’une part en réaffirmant nos principes de laïcité qui assurent la liberté religieuse et font pièce aux intégrismes, d’autre part en réformant l’accueil des étrangers en France pour garantir une meilleure intégration, tout en maîtrisant les flux migratoires. Ce « plan égalité » sera complété par une politique de la jeunesse, qui comprendra un service civique généralisé et une dotation universelle d’entrée dans la vie.


    Telles sont les grandes lignes du projet des Engagés.

    Nous en donnons le détail dans les propositions qui suivent. C’est une première plateforme, que nous soumettons au débat public et aux discussions qui doivent réunir les différents courants de la gauche pour être discutée, complétée ou amendée. Ces mesures sont à la fois crédibles et audacieuses. Nous nous rattachons à la gauche réformiste : mais le réformisme n’est pas la pusillanimité. Il offre la seule voie possible pour une rupture avec l’ordre établi et la construction d’une société nouvelle.

     

    LAURENT JOFFRIN,
    Président d’Engageons-nous