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LES ANNONCES MACRON SUR LE NUCLEAIRE : DIRE N'EST PAS FAIRE !

Les Engagé.e.s | 21 Février 2022

Rappelons tout d’abord que la France n’a pas tenu ses engagements pour le climat : le Haut Conseil pour le Climat et l’Agence Internationale de l’énergie en ont fait remontrance. N’oublions pas qu’Emmanuel Macron a mené une campagne critique du nucléaire il y a 5 ans, annonçant la fermeture de réacteurs nucléaires, avant d’entamer un virage à 180 degrés en fin de mandat. Nous saluons ce virage.

Comme nous l’avons écrit (Cf. Une nouvelle donne énergétique pour atteindre le zéro carbone en 2050) : les besoins en électricité non carbonée, très fortement croissants pour se substituer aux consommations d’énergie fossiles, devront mobiliser les EnR mais aussi le nucléaire.

Pour autant, il ne suffit pas d’annoncer la création de nouveaux EPR. Il faut également se donner les moyens d’effectuer un tel virage.

1. Afficher le lancement de 6 tranches d’EPR 2, puis 10, sans évoquer le fiasco du chantier de Flamanville, n’est pas crédible. La fiabilité des engagements d’EDF doit être testée sur une première paire de réacteurs avant de confirmer les commandes suivantes ou d’envisager les petits réacteurs SMR préfabriqués en usine.

2. EDF fera face à un mur de financement de quelque 150 Mds qui nécessite sa recapitalisation. Et pourtant le Gouvernement vient d’annoncer qu’il taxait EDF de 8 Mds pour fournir ses concurrents en énergie à bas prix, dont Total qui annonce 15 Mds de bénéfices … Ce dispositif, dit de l’ARENH, doit être supprimé !

3. S’agissant des EnR, la Commission de régulation de l’énergie devra mettre en concurrence les porteurs de projets. Les coûts complets, comparés par la Cour de Comptes à ceux du nucléaire nouveau, permettront d’arbitrer le mix électrique résultant. Il semble raisonnable de viser 40 GW pour l’éolien en mer. Tout comme il s’avère nécessaire de réduire notre ambition sur l’éolien terrestre. En revanche concernant les 100 GW de photovoltaïque : cela devrait se faire en artificialisant les terres agricoles, ce qui n’est pas acceptable. L’agrivoltaïsme, combinant sur un même sol production d’énergie et protection des activités agricoles contre les excès du soleil, est la solution.

4. L’acceptabilité sociale de l’installation de nouveaux réacteurs ne doit pas être négligée. L’installation d’éoliennes, y compris en mer, se heurte à de fortes réticences. On peut imaginer que l’installation de centrales nucléaires ne se fera pas beaucoup plus facilement.

Un projet de cette ampleur représente un profond bouleversement économique et social. Alors plutôt qu’une simple injonction jupitérienne d’un Président sortant, il devra être soumis au Parlement, démocratiquement débattu en transparence et en profondeur pour être largement partagé.

 

 

 

 

Source image : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Centrale_Nucl%C3%A9aire_Bugey_St_Vulbas_1.jpg

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