Les collabos de Poutine - Lettre politique #123

Laurent Joffrin | 16 Novembre 2021

Confusion de la droite nationaliste dans l’affaire biélorusse. Une foule de migrants se presse à la frontière polonaise, venant du Moyen-Orient. Aussitôt les défenseurs de « la civilisation chrétienne », allergiques à l’immigration, se gendarment contre cette « pression migratoire » insupportable. 

Las ! Il apparaît très vite que ces migrants ont été acheminés aux confins de la Pologne par le régime dictatorial du président Loukachenko, un protégé de Poutine, qui utilise ces réprouvés comme masse de manœuvre pour faire pression sur l’Union européenne. Dénoncer l’opération, c’est aller contre Poutine, dont une certaine droite très droitière, admirative du nouveau tsar, lui sert d’agent d’influence. Cruel dilemme…

Jouant la fermeté, l’Union a indiqué qu’elle comptait élargir les sanctions contre la Biélorussie, qu’elle avait prises, cohérente avec ses propres principes, pour contrer le truquage des élections biélorusses et la répression des opposants démocrates. Du coup, Loukachenko fait machine arrière – verbalement en tout cas – et annonce qu’il va ramener les migrants chez eux. Il ne souhaite, dit-il, aucun conflit à la frontière polonaise, alors qu’il vient de le déclencher délibérément. Résultat : les migrants se retrouvent ballottés de frontière en frontière, dans un jeu cynique qui les dépasse et où ils ne sont évidemment pour rien.  Des milliers de simples candidats à une vie un peu meilleure, hommes femmes et enfants, se retrouvent immobilisés dans la neige et le froid, butant sur des barbelés, risquant leur santé et leur vie. Huit ont déjà succombé.


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Deux leçons à cette triste affaire. Poutine et ses féaux continuent de tester l’Union européenne, dont l’existence même les insupportent. L’empire autocratique russe ne souffre pas la présence, sur le même continent, d’une entité démocratique unie et puissante, qui aimante les démocrates de Russie aussi bien que les peuples opprimés par Moscou et qui aspirent à l’émancipation, à l’image des Ukrainiens, des Géorgiens et des Arméniens coincés entre Russes et Turcs. Fascinée par la force, sympathisante d’un régime « illibéral », la droite nationaliste soutient Poutine qui se pose en défenseur des « racines chrétiennes » contre l’islam. Elle se fait ainsi la complice du nouveau tsar et agit comme une cinquième colonne vouée aux intérêts russes. On ne se refait pas : le nationalisme français garde son historique mentalité de collabo.

Laurent Joffrin

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Président du mouvement @_les_engages