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Les nouveaux amis de Marine Le Pen
Il a manqué sept points à Marine Le Pen pour gagner la présidentielle de 2022. Un écart significatif, mais un écart que des amis secourables, depuis quelques semaines, s’évertuent à combler avec une énergie farouche. Certes ces amis le sont parfois involontairement, inconsciemment, en raison de faux raisonnements. Mais ils mettent tout leur cœur à l’ouvrage.
À leur tête, Emmanuel Macron. En lançant une réforme des retraites au milieu d’une grave crise de pouvoir d’achat, en visant, même après quelques amendements, les Français les plus modestes, il conforte les classes populaires dans l’idée que ce pouvoir vertical, appuyé sur les plus diplômés, les tient pour quantité négligeable. Or ces électeurs qui s’estiment méprisés forment le bassin de recrutement naturel du Rassemblement national. On voudrait lui faciliter la tâche qu’on n’agirait pas autrement.
En deuxième place, Jean-Luc Mélenchon. Comme à son habitude, le leader de la France insoumise tient son rôle d’imprécateur. À l’Assemblée, il organise l’obstruction, encourage les provocations et dirige le chœur des invectives. Dans les manifestations, il joue les maximalistes et s’abstient soigneusement de condamner les violences de rue, sauf celles de la police. Par comparaison, le Rassemblement national, jusque-là inquiétant par son extrémisme xénophobe, se change en force tranquille, qui dénonce la réforme mais respecte scrupuleusement les usages républicains. Il manquait au RN un brevet de respectabilité : Mélenchon le lui offre.
Vient ensuite le pauvre parti LR. Divisé, inconsistant, écartelé entre sa volonté de réduire les déficits et son souci de suivre l’opinion, il a éclaté en deux fractions, l’une tentée par le ralliement à Macron, l’autre qui songe sans trop le dire à l’union des droites, RN compris. Divisés, déboussolés, ses électeurs sont en déshérence : situation idéale pour les stratèges électoraux de l’extrême-droite.
Reste la gauche classique. Les socialistes, changés en muets du sérail, s’effacent derrière LFI. Les écologistes, à travers les outrances de Sandrine Rousseau ou de Marine Tondelier sur la décroissance, la fin du travail ou la déconstruction de tous les usages, font bien comprendre au peuple que le projet vert heurtera de plein fouet ses valeurs et ses intérêts.
La radicalité est tendance, dira-t-on. Peut-être. Mais elle n’offre au pays aucune solution alternative. Macron dévalué, LFI extrémisée, la droite explosée, la gauche effacée : faute de retrouver le chemin de la crédibilité, les nouveaux amis du RN lui ouvrent un boulevard.
Crédit photo : Atlantico.fr