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Macron friable - Lettre politique #66
Très fâchée, la macronie… Une enquête de Libération tend à montrer qu’en cas de nouveau duel Macron-Le Pen, les électeurs de gauche préfèreront la pêche à la ligne au « front républicain ». Ire de la majorité, qui incrimine le journal comme on s’en prend au thermomètre quand il fait froid. On sent bien, en fait, que le « vote utile » rebute de plus en plus la gauche, qui voudrait bien, au second tour, voter cette fois « pour » plutôt que « contre ».
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Les idées ne se réfutent pas, disait Raymond Aron, elles s’usent. Le « Front républicain » reste un pis-aller logique : si l’on trouve Macron trop à droite, il y a un curieux paradoxe à faciliter la venue au pouvoir d’un parti encore plus à droite. C’est la politique de Gribouille : pour se protéger de la pluie, on se jette à l’eau.
Mais cette logique du moindre mal passe de moins en moins bien. Si tant de gens de gauche sont résolus à jouer les Ponce Pilate de la présidentielle, c’est qu’ils sont las de faire la courte échelle à des candidats qui les ignorent à peine arrivés à la présidence. Ce fut le cas de Chirac, élu en partie par la gauche pour faire barrage à Le Pen père, et qui mena une politique de droite très classique. Ce fut le cas de Macron, choisi au premier tour par des électeurs de gauche soucieux d’empêcher Fillon et au second pour écarter le danger Marine Le Pen, et qui dériva loin des valeurs de gauche aussitôt à l’Elysée. Cocus deux fois : à la troisième, on se lasse.
La conséquence de cette abstention est claire. Emmanuel Macron n’est plus un rempart contre Marine Le Pen. À peine une échauguette... De cette constatation, on sautera vite à sa conclusion : pour assurer l’affaire, il faut quelqu’un d’autre. Certains voient dans Jean-Luc Mélenchon le sauveur nécessaire. On se permettra d’émettre quelques doutes. Si jamais le candidat de la gauche radicale passait le premier tour (il en est loin), il y a fort à parier pour que la droite et les macroniens refusent de voter pour lui au second. Certains s’abstiendront ; d’autres, tentés par la radicalisation, rallieront l’extrême-droite. Dans cette hypothèse, la victoire d’une Marine Le Pen un tant soit peu recentrée est quasi-certaine.
Autrement dit, l’arithmétique électorale est implacable. Si Macron n’est plus un rempart, c’est à la droite républicaine de monter au créneau, ou bien à la gauche réformiste. À droite, Xavier Bertrand, avec son costume de gaulliste social, et d’autres se voient dans le rôle. À gauche, il faudra départager les candidats et les candidates de l’arc social et écologique. On ne voit guère qu’un mécanisme de primaires qui puisse y parvenir. À cette condition, une candidature de la gauche de gouvernement peut rallier une majorité : tout un électorat progressiste, social, républicain est en jachère, il ne tient qu’à la gauche de l’action de le convaincre à nouveau. C’est le travail que nous avons entamé avec l’association "Engageons-nous".