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Macron, la NUPES : la déroute, la déception
Comme la presse commence à s’en rendre compte, l’événement premier de ces législatives tient à la montée du RN, qui obtient plus de 80 députés alors qu’il ne disposait guère de réserves a priori. Les lepénistes s’implantent dans des régions jusque-là terres de mission pour eux et pourront, grâce à leur présence massive à l’Assemblée, se façonner une image de parti d’opposition crédible. Marine Le Pen a échoué une nouvelle fois à la présidentielle mais, à l’issue de cette séquence électorale, la menace national-populiste est plus inquiétante que jamais.
L’autre grande affaire, bien sûr, c’est l’échec retentissant de la majorité présidentielle qui se retrouve elle aussi minoritaire à l’Assemblée, même si son groupe arrive nettement en tête. Absent ou maladroit, Emmanuel Macron donne le sentiment d’avoir perdu la vista et l’alacrité qui caractérisaient jusque-là sa manière politique ; le vide du programme macronien a entraîné le vide des urnes et le silence du président celui des électeurs. La victoire à la présidentielle a résulté du rejet des extrêmes : une fois cette peur dissipée, on est passé au rejet du centre. Dégagiste en 2017, la coalition d’En Marche se retrouve dégagée en 2022. Elle perd la moitié de ses députés et devra louvoyer sans fin pour gouverner, ce qui est l’exact contraire d’une force politique constituée pour réformer énergiquement le pays.
On dit que cet échec a au moins le mérite de rendre au Parlement son rôle souverain. Est-ce si sûr ? Dans un hémicycle où domineront les oppositions abruptes, on voit mal l’esprit de compromis l’emporter. Et sans lui, le parlementarisme tourne à vide ou bien se change en un forum stérile et vociférant. Certes, le président garde la main et l’opposition pourra difficilement l’empêcher d’agir. Mais déjà, certains promettent une inévitable dissolution… Arrivé à son zénith en mai avec la réélection du président, le macronisme passe sans transition au crépuscule.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
À gauche, cela n’a guère « déferlé », selon le mot de Jean-Luc Mélenchon. L’intéressé le reconnaît lui-même, puisqu’il juge le résultat de la NUPES « assez décevant ». Après les tonitruantes déclarations de dimanche soir, voilà un diagnostic qui a le mérite de la lucidité. Certes, l’union a rendu un peu de fierté et d’espoir aux électeurs de la gauche française et, surtout, permis l’élection d’un nombre plus grand de députés que dans une formation dispersée. Mais pour le reste, la performance reste moyenne. Fabien Roussel a parlé vrai : le discours de la NUPES, a-t-il dit, « n’a pas permis à la gauche d’obtenir une majorité et n'a pas empêché beaucoup d'électeurs de se tourner vers les candidats du Rassemblement national et l'extrême-droite ». Aussi bien, David Cormand, éminence verte, parle d’un « plafond de verre » qui confine la gauche dans la minorité.
Dans ces conditions, la gauche n’a d’autre solution que redevenir une force de gouvernement. Fabien Roussel, encore lui, relève diplomatiquement que certaines déclarations – « la police tue », par exemple – n’ont pas été comprises dans la profondeur du pays. Le fracas médiatique ne présage pas toujours du succès électoral…
De même qu’on fait des militaires avec des civils, on fera une majorité de gauche avec des électeurs qui votent aujourd’hui au centre ou à droite, ou qui ne votent pas du tout. La gauche doit défendre un projet de transformation sociale, mais elle doit aussi y rallier une majorité de l’opinion, laquelle se méfie à juste titre des projets de rupture inapplicables. Or l’omniprésence de la France insoumise dans ce scrutin a relégué en fond de décor un PS muet et ectoplasmique et un parti vert qui s’est fait dérober par LFI le discours écologique. Jean-Luc Mélenchon a été la cheville ouvrière de l’union. Il pourrait devenir son principal handicap.