Marine Le Trump - Lettre politique #49

Laurent Joffrin | 08 Janvier 2021

Il était temps. La cheffe du Rassemblement national a fini par « admettre », du bout des lèvres, la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine. Rétablissement de dernière minute. Il ne fera pas oublier que le parti lepéniste, pendant des semaines, a été la seule formation politique française de quelque importance à accréditer la fable d’une fraude massive, répandue par un président aux abois. Rien n’y a fait, ni l’échec en série des recours intentés par Donald Trump, ni l’invraisemblance totale de ces accusations de truquage dénuées de toute preuve, ni la proclamation officielle des résultats lors du vote des grands électeurs, ni les déclarations sans appel des responsables républicains chargés du scrutin dans les états les plus disputés. Fasciné par le destin du milliardaire de la Maison-Blanche qu’il a pris pour modèle, le RN s’est rallié sans broncher à cette entreprise de négationnisme politique.

Jusqu’au moment où la vérité a fini par s’imposer sans rémission : Trump a été sèchement battu dans un scrutin parfaitement régulier. Jusqu’au moment, surtout, où plusieurs milliers de trumpistes fascisants ont envahi le Capitole, sanctuaire du système démocratique américain. Le RN s’est toujours refusé à l’action illégale et à la violence de rue. C’était l’occasion de rompre, sur le tard, avec un compagnonnage qui menaçait de disqualifier les frontistes auprès d’une partie de leurs électeurs. In extremis, un zeste de lucidité…

On comprend ce que signifient, au vrai, les vitupérations « antisystème » qui forment, avec l’immigration, le fond de sauce du discours lepéniste. Le système dont parle en fait l’extrême-droite, n’est-ce pas le système démocratique lui-même ? Dans l’opposition, il n’est question que de rendre le pouvoir au peuple, de balayer les élites « oligarchiques », de « reprendre le contrôle » au nom des oubliés. Mais au pouvoir, c’est une autre chanson. Si le même peuple qu’on disait bâillonné s’avise de désavouer ses soi-disant représentants, tel Donald Trump, on déclare le scrutin truqué et on cherche à se maintenir par tous les moyens possibles, quitte à piétiner toutes les traditions démocratiques. Telle est l’équipée scandaleuse dans laquelle, par son indéfectible soutien à Trump, Marine Le Pen s’est enferrée depuis le 4 novembre, avant de s’en extraire sur le fil. Voilà une embardée qu’il faudra garder en mémoire.   

Laurent Joffrin

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Président du mouvement @_les_engages