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Peltier et la justice d'exception - Lettre politique #97
Rétablir la cour de sûreté, juridiction d’exception, sans possibilité d’appel, qui peut enfermer préventivement tout suspect de terrorisme. Guillaume Peltier, auteur de cette incongruité récusée jusque dans les rangs de LR, y gagne son quart d’heure de gloire, payé de retour par une escouade de médias qui valorisent toute surenchère du moment qu’elle favorise l’audimat. Au train où vont les choses, on demandera bientôt le rétablissement des bagnes de Cayenne et Biribi ou l’instauration du supplice du pal…
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Dans ses extravagances même, cette orchestration a pour but d’organiser le débat public autour des éructations-propositions du Rassemblement national, toute autre politique étant passée à la trappe ou bien rangée sous la rubrique commode du « laxisme judiciaire » et de la « culture de l’excuse ». Petit précis de construction d’un paysage mental collectif qui débouche sur de nouveaux succès de l’extrême-droite…
Alors même que les propositions alternatives existent*, qui équilibrent sanction et prévention, action sociale et policière, pour faire reculer les faits de violence qui augmentent depuis une ou deux décennies en France (hormis les homicides, en baisse sur le moyen terme, ce qu’on omet toujours de rappeler). Toute personne qui connaît un tant soit peu le terrain sait que c’est la combinaison de la sanction policière et judiciaire avec le travail de fourmi de la police de quartier, des associations, des organismes sociaux et éducatifs qui débouche sur des résultats tangibles. Seulement ce discours rationnel est noyé par les bruyants appels au tout-carcéral lancés sans cesse à la droite et de la droite, relayés par la presse lepénoïde, qui surfe cyniquement sur la légitime émotion suscitée par des faits divers tragiques. Il n’est qu’une réponse à cette propagande : un diagnostic lucide. Oui, il faut faire reculer une délinquance violente en hausse, qui heurte à juste titre l’opinion ; un accroissement des moyens alloués à la police, et surtout à la justice, pour une réponse rapide et proportionnée ; une politique d’ensemble de prévention organisée à l’échelon des villes et des quartiers, grâce à une coopération de la police, des services sociaux de l’État, de l’Éducation nationale et du tissu associatif. Le reste se ramène à une dangereuse démagogie électorale.
* On pourra, par exemple, se reporter aux propositions des Engagés.