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Penser l’impensable
Sondage IFOP d’hier mardi : Macron 27, en baisse, Le Pen 23,5, en hausse, Mélenchon 17,5, en hausse. L’écart entre le président et la candidate du RN s’amenuise, celui qui la sépare de Mélenchon est stable. Il reste cinq jours : si les tendances se poursuivent, Le Pen et Macron risquent de se retrouver au coude-à-coude lors de ce premier tour. Mais surtout, une simple addition montre que les candidats « antisystème », si l’on cumule les votes Le Pen, Zemmour, Mélenchon, Dupont-Aignan, Lassalle, Poutou et Arthaud, sont nettement majoritaires dans la France d’aujourd’hui. Comme si la moitié du corps électoral avait soudain enfilé un gilet jaune.
On sait que ces opposants, fort disparates, ne peuvent pas s’entendre et encore moins s’allier. Mais dans un second tour, leurs électeurs réunis par la détestation du président sortant, peuvent néanmoins se rejoindre, dans une volonté nihiliste de renverser la table. Annoncée depuis des mois, la réélection d’Emmanuel Macron devient soudain bien moins certaine…
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Bien sûr, si le score est serré et si un sondage donnait, entre les deux tours, Marine Le Pen vainqueur, une prise de conscience s’opérerait sans doute. On invoquerait les principes du droit, on dénoncerait l’incompétence des leaders du RN, la nécessité de rester dans l’Europe, etc. Mais ces arguments rationnels ont-ils forcément prise sur un électorat en colère ? Et faut-il encore que ce nouveau front républicain ne soit pas trop fissuré. Or Jean-Luc Mélenchon a déjà annoncé qu’il consulterait sa base en cas de duel Macron-Le Pen. Une manière transparente de botter en touche, comme il l’avait fait en 2017.
Non, décidément, la reconduction d’Emmanuel Macron ne va plus de soi… Le lièvre s’aperçoit un peu tard que la tortue Le Pen s’approche de la ligne d’arrivée. Il ne manquera pas de courir comme un dératé pour empêcher la catastrophe. Sur le papier, il devrait rester à l’Élysée, même après une belle frayeur. Il faut néanmoins se souvenir de la première phrase de la fable de La Fontaine, celle que Brigitte Macron enseignait à coup sûr à ses élèves : « rien ne sert de courir, il faut partir à point ».