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Retraites : les illusions radicales
Le projet Macron de réforme des retraites, qui frappe en priorité les classes populaires, a réussi un tour de force : il a fait l’unanimité des syndicats et de la gauche contre lui, pour la première fois depuis des lustres. À quelque chose malheur est bon… Mais cette unité nécessaire n’occulte pas les divergences. Deux visions, en fait, cohabiteront dans le défilé du 19 janvier, c’est-à-dire deux gauches réunies mais néanmoins distinctes : l’une est radicale, l’autre responsable. La première exige un retour à la retraite à 60 ans avec 40 années de cotisation – la CGT, LFI et les trotskistes ; la seconde - la CFDT, une partie des socialistes et des Verts - accepte les 62 ans de la réforme Touraine avec 43 années de cotisation à terme, et met surtout l’accent sur la pénibilité, différente, comme on sait, selon les classes sociales. Faute de choisir entre les deux, la direction du PS s’est entortillée en proposant 60 ans, mais avec 43 années de cotisations. Contenter tout le monde et Mélenchon : exercice périlleux qui consiste à mettre d’accord la chèvre et le chou…
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Léger problème : le réel oppose à la gauche radicale une résistance opiniâtre. Revenir à 60 ans et quarante années, c’est creuser un dangereux trou financier. Les promoteurs de la mesure annoncent qu’ils taxeront les riches et les entreprises. C’est un fait que les classes supérieures ont largement bénéficié de la politique Macron. Mais les ressources disponibles ne sont pas à la hauteur du déficit qu’on veut creuser et, surtout, elles ne serviront qu’une fois. Or il faudra financer, outre les retraites, le relèvement du système de santé, l’effort éducatif, la sécurité, la justice, le coût du grand âge, la mutation écologique, et quelques autres charges du même tonneau. Mieux vaut, chacun le comprendra, rester à 62 ans, se concentrer sur les inégalités d’espérance de vie entre catégories sociales pour épargner les classes populaires et garder des réserves financières pour les autres priorités. On ne peut pas gouverner en confondant le budget social de la nation avec une corne d’abondance. D'où la question subséquente : la gauche radicale veut-elle vraiment gouverner ?
Crédit photo : fr.news.yahoo.com