L’émergence du numérique s’est traduite par de nouveaux services, des gains de productivité et une amélioration de la qualité de vie. Elle entraîne également, comme toute transition économique, un certain nombre de déséquilibres. Elle se traduit aussi par un fonctionnement différent des marchés. Le marché des technologies est concentré et dominé par quelques entreprises, aujourd’hui essentiellement américaines. Dans une économie de réseau, l’acteur le plus innovant tend à devenir dominant. 

Cette nouvelle économie nécessite donc des dépenses accrues d’innovation. 

La numérisation de l’économie s’accompagne aussi d’une polarisation croissante du marché du travail : l’économie numérique serait fortement consommatrice de travail très qualifié (ingénieurs, programmateurs) et de travail peu qualifié (services à la personne). Les emplois intermédiaires disparaîtraient progressivement, sous l’effet des progrès de la technique et de la pression exercée sur les marges des entreprises « traditionnelles » par les nouveaux entrants. 

Nous assistons enfin à l’émergence de nouvelles formes de travail, où l’individu est auto-entrepreneur, sans pour autant créer sa propre entreprise. Il s’agit des travailleurs des plateformes, juridiquement indépendants, mais économiquement dépendants du flux d’offre que leur transmet la plateforme à laquelle ils sont connectés. Ces auto-entrepreneurs bénéficient d’une protection sociale inférieure à celle des salariés, sans avoir la perspective d’un éventuel enrichissement personnel lié à la création de leur propre entreprise.

L’économie numérique est aujourd’hui en attente de son New Deal. Paradoxalement, la seule pensée politique aujourd’hui structurée et audible est la pensée libérale, alors même qu’elle n’apporte aucune solution aux problèmes soulevés par la transition numérique. Elle fait même obstacle, par principe, à la mise en place d’un nouvel environnement institutionnel. Cette tension entre un monde économique et social en forte mutation et une pensée politique dominée par un libéralisme désormais inopérant nourrit les partis contestataires.

Parallèlement, le numérique peut être un vecteur de dynamisme économique, social, démocratique et institutionnel. Il suppose toutefois d’être accessible à tous, en remédiant à la « fracture numérique » que connaît encore la France.

Il doit aussi être mis au service de tous, sans se retourner contre chacun : l’intelligence artificiel peut ainsi être un vecteur d’innovation majeure, si nous savons la contrôler.