Tempête sur la macronie

Laurent Joffrin | 05 Janvier 2023

Elisabeth Borne exhorte son gouvernement à « résister aux vents contraires ». Entre la guerre d’Ukraine, la crise énergétique, l’inflation, la Covid et le coup de bambou du report de l’âge de la retraite, cela fait effectivement un certain temps que la bise est venue.  

Sous la bourrasque, le projet de réforme des retraites a tendance à perdre des plumes. Les 65 ans d’âge de départ ne sont plus « un totem », on ne dépassera pas 43 années de cotisations, la réforme tiendra compte « des carrières longues, des carrières hachées et de la difficulté de certaines tâches ». Au passage, le texte sur l’indemnisation du chômage se décoiffe aussi sous la rafale : exit le décret prévoyant de réduire de 40% certaines prestations, subrepticement rajouté après le vote de la loi et exfiltré tout aussi discrètement. La macronie affronte la tempête. Craignant le sort du chêne, elle se fait roseau.


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Cela ne change pas fondamentalement les choses : les syndicats unanimes sont justement hostiles à tout report au-delà des 62 ans, quitte à négocier sur le reste. À vrai dire, le gouvernement constate avec inquiétude que ce sont les arguments des opposants qui ont le vent en poupe. La réforme frappe en priorité les classes populaires, l’espérance de vie en bonne santé des Français plafonne à 64 ans, le poids des retraites dans le PIB dans le système actuel dépassera à peine les 14% selon les prévisions du conseil d’orientation des retraites (COR), contre 13 et des poussières aujourd’hui. Voilà qui fait ployer l’argumentaire macronien, déjà rejeté par plus de la moitié des personnes interrogées par sondage. Le gouvernement craint « les vents contraires » et l’opinion est vent debout. Et face à cet aquilon politique, Elisabeth Borne a le souffle court.

 

Crédit photo :Mediapart

 

Laurent Joffrin

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Président du mouvement @_les_engages