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Une médecine trop libérale
Nouvelle journée d’action des médecins de ville, furieux du sort que leur réserve le gouvernement. Soyons francs : leurs revendications se comprennent pour certaines, beaucoup moins pour d’autres.
Ils se plaignent de la modicité du prix de la consultation, nettement inférieur à la moyenne européenne. Ils soulignent, à juste raison, la longueur des études et, surtout, celle de leur journée de travail. Dont acte. Mais ils déplorent tout autant deux projets, l’un émanant du gouvernement, l’autre consigné dans une proposition de loi présentée par Guillaume Garot, député socialiste, avec le groupe PS et des élus centristes ou macroniens.
Le premier projet prévoit que d’autres personnels soignants – des infirmières ou infirmiers, par exemple – pourront réaliser certains actes médicaux simples, de manière à décharger les médecins d’une partie de leurs tâches. Mesure de bon sens, quand les cabinets sont encombrés et les urgences surchargées, mais que les médecins grévistes récusent par pur esprit corporatiste.
Le second, destiné à lutter contre la persistance - et l’accroissement – des « déserts médicaux », consiste à limiter l’installation des nouveaux praticiens dans les zones déjà largement pourvues pour les inciter à exercer leur fonction là où les médecins manquent. Autre mesure de bon sens. Elle consiste à appliquer au corps médical les règles déjà prévues pour les autres professions de santé, les pharmaciens, notamment, qui ne peuvent ouvrir des officines dans les territoires où elles sont déjà en nombre suffisant.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Pourquoi ce refus ? Pourquoi rejeter une mesure qui permettrait d’équilibrer sur le territoire « l’offre de santé » et de pallier une pénurie qui oblige les patients à attendre de longs mois une consultation, à se tourner vers des urgences déjà au bord de l’asphyxie ou bien les oblige, quand ils en ont le moyen, à chercher loin de chez eux le médecin qui pourra les recevoir ? En raison de la sacro-sainte « liberté d’installation », qui permet à chaque praticien d’exercer où bon lui semble, souvent dans les zones plus prospères.
Soucieuse de ne pas se mettre à dos une profession au poids électoral conséquent, la majorité macronienne a déjà annoncé qu’elle s’opposerait au vote de la proposition Garrot. Il n’empêche : la grève d’aujourd’hui a notamment pour but de lutter contre une proposition… qui ne verra pas le jour. On n’est jamais trop prudent, question de principe pour ces médecins : « Touche pas à ma liberté d’installation ! ». En d’autres termes : l’intérêt du médecin prime sur celle du patient.
Crédit photo : BFMTV