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Une primaire vert foncé - Lettre politique #108
Sur le papier, Sandrine Rousseau a gagné. En réunissant un quart des suffrages de la primaire écologiste, elle empêche Yannick Jadot de déclencher une dynamique majoritaire. Seul sur une ligne « réaliste » (avec le centriste Jean-Marc Gobernatori, au score marginal), le candidat du « rassemblement » rassemble moins d’un tiers des voix (27%).
Les trois autres candidatures sont plus radicales que lui. Éric Piolle prône une écologie tout aussi coupante que celle de Sandrine Rousseau, seulement mâtinée d’expérience municipale. Quant à Delphine Batho, elle est la seule à proposer clairement une stratégie de décroissance, question sur laquelle les autres candidats sont d’une discrétion prudentissime, ce qui revient à ne pas la condamner. Sur le papier, donc, les électeurs qui les ont soutenus sont plus proches de Rousseau que de Jadot.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Mais ce ne sont que raisonnements de principe. Avec un peu plus de 100 000 votants, la primaire écologiste a mobilisé une toute petite fraction des électeurs, dont l’identité sociale et politique est un mystère. Après tout, ils peuvent fort bien se raviser et jouer la carte de la crédibilité. Prévision impossible, d’autant que le débat entre les deux vainqueurs du premier tour peut encore modifier la donne.
En revanche, on peut jauger, à l’aune de ce résultat inattendu, l’effet déformant de la primaire. Seuls se mobilisent les électeurs les plus motivés et, pour cette raison, les plus radicaux. En 2017, la primaire LR avait désigné François Fillon, au programme nettement plus affirmé que celui d’Alain Juppé qui était pourtant favori (comme l’était Jadot). De même, la primaire socialiste avait consacré Benoît Hamon, manifestement excentré par rapport à la moyenne de l’électorat socialiste, dont une partie importante a voté en conséquence Macron au premier tour. Entre droite dure et gauche radicalisée, le macronisme a fait sa pelote.
Et encore ces scrutins préparatoires avaient-ils réuni des millions de votants. Rien de tel chez les Verts. En 2019, aux élections européennes, quelque trois millions d’électeurs avaient voté Yannick Jadot. Ce corps électoral tombe à 100 000 pour la primaire de 2021, ce qui fait 27 000 suffrages pour le même Jadot. Le contraire d’un scrutin représentatif… Pour espérer l’emporter, le candidat « réaliste » doit radicaliser son discours, ce qu’il a fait ce lundi matin sur France Inter. Il doit aussi tenir compte de la progression de la culture « woke » au sein du milieu militant vert. C’est-à-dire s’éloigner, ipso facto, de la culture de gouvernement. Laquelle, du coup, ne sera plus représentée au sein de la gauche que par une candidature social-démocrate. Voilà qui a le mérite clarifier les choses…