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Valls, Huchon, Jospin... - Lettre politique #103
Manuel Valls et Jean-Paul Huchon préfèrent Valérie Pécresse à la liste d’union emmenée par Julien Bayou. Autrement dit, ils préfèrent la droite à la gauche. Libre à eux, mais on ne voit plus très bien ce qui les rattache à leur famille d’origine. Plus sérieux, plus cohérent, Lionel Jospin soutient la position inverse et reste à gauche, ce qui ne surprendra guère ceux qui connaissent sa rigueur intellectuelle.
Les deux transfuges sont d’anciens rocardiens, parmi les plus notoires. Les voilà donc frappés d’amnésie historique. Faut-il rappeler qu’au mitan des années 1970, Michel Rocard s’est rallié à la stratégie d’Union de la gauche incarnée par François Mitterrand ? Il avait pourtant maintes objections au contenu du programme commun. Il s’agissait – souvenons-nous – d’une alliance avec le Parti communiste, pilier incommode de l’union, qui jugeait le bilan de l’URSS « globalement positif » malgré les millions de morts de Staline, le régime de parti unique, l’interdiction du droit de grève en pays communiste ou la tragique inefficacité d’une économie totalement étatisée. Georges Marchais, un Mélenchon avant la lettre, multipliait les formules à l’emporte-pièce, s’évertuait à saboter l’union après 1977 et approuvait même l’intervention militaire soviétique en Afghanistan. Il y eut néanmoins quatre ministres communistes dans le gouvernement de 1981, qui siégeaient... aux côtés de Michel Rocard.
À vrai dire, l’union était et reste un combat ; Toute la force de Mitterrand était d’avoir tenu la ligne unitaire, sans rien concéder sur le fond au Parti communiste, ni sur l’Europe, ni sur les libertés publiques, ni sur la nationalisation totale des grands groupes industriels, filiales comprises, que les communistes réclamaient à cor et à cri.
C’est à cette aune – toutes proportions gardées – qu’il faut juger la liste d’union en Ile-de-France. Les socialistes présents aux côtés de Bayou et d’Autain ont-ils cédé la ferme et les chevaux ? Un coup d’œil sur leur plateforme commune montre qu’il n’en est rien. Un « green new deal », un RSA étendu, la construction d’établissements scolaires ou de formation pour les soignants, une gratuité partielle des transports, etc. On peut se poser la question du financement d’un tel programme, qui paraît malaisé. Mais on ne voit guère dans ces mesures le signe d’un reniement ou d’une reddition aux outrances de la France insoumise, lesquelles sont par ailleurs condamnables et handicapent l’audience de la gauche dans l’opinion.
Mais si tout le monde était d’accord à gauche, il n’y aurait qu’un seul parti. L’essentiel est de savoir s’il est possible d’arriver à des compromis satisfaisants entre toutes les composantes. On y est parvenu en Ile-de-France, chacun ayant mis de l’eau dans son vin plus ou moins rouge (ou vert, en l’occurrence, même si la métaphore est bizarre). L’union est décidément un combat. Mais si elle permet de gagner, elle est nécessaire. Ce qu’on jugera dimanche...