- Le mouvement
- Le Lab de la social-démocratie
- Nos publications
- Actualités
- Evénements passés
- Adhérer
Terrorisme : comment la République doit lutter - La lettre politique de Laurent Joffrin #18
Terrorisme : comment la République doit lutter
Une Nation à l’épreuve. Tandis que les Français affrontent un nouveau confinement, frustrant et déprimant au possible, un attentat barbare – attaque au couteau contre trois catholiques niçois, dont deux personnes égorgées – vient confirmer que l’islamisme, sans un calcul inhumain, use de moyens révoltants pour imposer ses dogmes. Cette fois ce sont les chrétiens – et les chrétiennes –
qui sont visés. Dans un déferlement de haine indistincte, le djihadisme vise alternativement ses ennemis supposés, l’école laïque symbolisée par un professeur décapité, les juifs, plusieurs fois attaqués, et maintenant les catholiques, frappés trois fois en tant que tels, lors de l’égorgement du prêtre Hamel, lors de l’attentat déjoué contre Notre-Dame de Paris, puis ce matin avec les trois assassinats de la basilique Notre-Dame de Nice.
Il ne suffira pas de proclamer notre solidarité, qui va évidemment à toutes les victimes, quelle que soit leur origine, leur conviction ou leur religion ; à cet égard, la République assure aux catholiques de France sa compassion et sa fraternité. Il s’agit de se battre sans merci contre ces actes de guerre perpétrés par le fanatisme islamiste.
Encore faut-il le faire de manière efficace et judicieuse. Ce qui écarte d’emblée les solutions préconisées par l’extrême-droite. En jouant sur les mots, Marine Le Pen, suivie dans cette voie par une partie de la droite, exige une « législation de guerre », ce qui renvoie non au terrorisme mais aux mesures extrêmes mises en œuvre pendant les conflits armés du siècle dernier. Confusion mentale. Elle demande qu’on rompe avec l’Europe du droit – c’est-à-dire avec l’Europe tout court – qu’on mette en place des lois d’exception qui deviendraient la règle, qu’on ferme les frontières et qu’on autorise l’Etat à user de moyens arbitraires dirigés contre les musulmans en général. Autrement dit, elle se fonde sur l’émotion légitime de l’opinion pour pousser un sempiternel programme nationaliste et autoritaire, qui aurait pour effet de tourner le dos à la République.
Alors que les moyens de lutter existent dans le cadre démocratique. Le gouvernement a activé le plan Vigipirate à son niveau le plus élevé. L’armement des polices municipales s’impose désormais : à Nice, c’est un policier municipal armé qui a interrompu la course du tueur. Il est également nécessaire de resserrer l’application des critères d’entrée des réfugiés : l’assassin de Conflans faisait partie d’une famille dont les droits à l’entrée sur le territoire sont douteux. De même, les moyens affectés à la lutte antiterroriste doivent être renforcés, notamment ceux du renseignement territorial : les menaces pesant sur Samuel Paty avaient été signalées à l’échelon local et régional, sans réaction préventive. Aussi bien, les méthodes de lutte contre la haine en ligne sont insuffisantes : c’est par Internet qu’ont été diffusées les menaces contre Samuel Paty, le professeur de Conflans.Une autorité administrative indépendante, qui associe l’État et des acteurs des réseaux sociaux, doit être investie d’un pouvoir de régulation de l’Internet et de ses contenus, sous le strict contrôle du juge. Tout autant, on doit recourir à l’armée pour protéger les lieux de culte, dans le cadre du plan Vigipirate. De même, on doit sévir contre les mosquées qui abritent des prêches islamistes, comme on l’a fait contre celle de Pantin. Il faut également instaurer un suivi policier et judiciaire des terroristes condamnés qui arrivent en fin de peine, à la condition que ces mesures de sûreté se situent dans le prolongement de la peine et soient prononcées par le juge, tout comme il est nécessaire de décider l’expulsion automatique des étrangers coupables d’actes violents, ce qui n’aurait rien de choquant et à la stricte réserve que l’expulsion ne les expose pas à un risque vital.
Dernière remarque : il est probable que le terrorisme ne prendra pas fin avec les attaques de ce jeudi. Si l’on promulgue de nouvelles lois draconiennes à chaque attentat, on aura tôt fait d’instaurer en France une dictature. Bref, on doit adapter à la situation nouvelle les moyens judiciaires et policiers de lutte contre le terrorisme en respectant scrupuleusement les règles constitutionnelles, car la Constitution nous protège, contre les terroristes fanatiques et contre un État qui outrepasserait les droits fondamentaux. Sans qu’il soit nécessaire d’établir un régime d’arbitraire, de violer les traités internationaux souverainement signés par la France et, encore moins, de renier la démocratie sous prétexte de la défendre.