La campagne de Macron - Lettre politique #98

Laurent Joffrin | 02 Juin 2021

Emmanuel Macron entame un tour de France pour retrouver le contact avec les Françaises et les Français. Ce qui suppose, implicitement mais clairement, qu’il l’avait perdu. Pourtant il n’avait pas ménagé ses efforts au moment des « Gilets jaunes » en organisant le « grand débat » qui, il faut bien le dire, n’a pas débouché sur grand-chose, sinon des cahiers de doléances* dont la plupart sont restés lettre morte. Bis repetita, donc, pour tenter de corriger cette image de président vertical et un peu condescendant avec les « Gaulois réfractaires ».

Pourtant il n’avait pas ménagé ses efforts au moment des « Gilets jaunes » en organisant le « grand débat » qui, il faut bien le dire, n’a pas débouché sur grand-chose, sinon des cahiers de doléances* dont la plupart sont restés lettre morte. Bis repetita, donc, pour tenter de corriger cette image de président vertical et un peu condescendant avec les « Gaulois réfractaires ».


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Il entame cette pérégrination par la visite de Saint-Cirq-Lapopie, l’un des plus beaux villages de France, ce qui doit rectifier cette réputation d’homme des grandes villes et du grand large qu’il s’est taillée dans la première partie de sa courte vie politique. On pense à Astérix et son village encerclé, à Charles Trenet et sa « douce France », à De Gaulle et son village de Colombey-les-deux-Églises et, dans une note moins plaisante, à la formule du Maréchal, sur « la terre qui, elle, ne ment pas ». Plan de communication savamment orchestré, qui s’adresse successivement aux diverses catégories de la population, ciblées, « marketées », valorisées l’une après l’autre. Problème : les mots sont là, les actes beaucoup moins.

On voit les animateurs d’une chaîne YouTube pour un jeu plutôt sympathique qui parle au jeunes. Fort bien. Mais que fait-on vraiment pour eux, qui ont été les grands sacrifiés de la crise de la Covid ? Par exemple en étendant aux 18-25 ans le bénéfice du RSA ? Ils ont le réconfort de penser qu’on les comprend. On ne les aide guère.

On vante les mérites de la Seine-Saint-Denis, à qui il manque peu de choses, dit-on, pour devenir une nouvelle Californie. Mais où sont les mesures propres à libérer cette énergie potentielle, à donner un espoir aux jeunes de ces quartiers déshérités, enfermés dans le sous-emploi et l’éloignement social, à réduire les discriminations dont ils sont l’objet ?

Dans Zadig, et par ce premier voyage, on exalte la France rurale. Mais où sont les actions concrètes qui lui rendront les services publics perdus ou bien les établissements de santé et les médecins partis ailleurs ?

Tout cela, en fait, reste du domaine du Verbe. Il y manque la Chair… Le président parle de la campagne, délaissée par la ville. Mais il pense en fait à la sienne : la campagne électorale, qu’il entame un an avant l’échéance. Un an de com’ : nous entrons dans un long tunnel.  

 

* On pourra se reporter utilement à ce sujet au travail entrepris par l’association Rendez les doléances !, qui se mobilise pour la numérisation de ces cahiers et leur libre accès au public, comme le gouvernement s’y était engagé.

Laurent Joffrin

À propos de

Président du mouvement @_les_engages