La NUPES est nue

Laurent Joffrin | 16 Janvier 2023

Affectée de mélenchonisme systémique, la presse de gauche n’a pas bien saisi le sens du vote qui vient de se dérouler au sein du Parti socialiste. Certes, elle a raison de souligner que la direction sortante est en nettement en tête dans ce premier tour et que le Premier secrétaire Olivier Faure peut l’emporter au second. Mais elle oublie de noter la véritable nouveauté de ce scrutin interne : la motion Faure, in fine, est minoritaire (49% contre 51% pour les opposants) et ses partisans seront minoritaires dans au moins trois des quatre instances dirigeantes. Autrement dit, les opposants à la NUPES - soient qu’ils veuillent en sortir, ou qu’ils souhaitent la renégocier - détiennent une courte majorité dans le parti. Rappelons que lors du congrès précédent, la même direction avait été réélue dans un fauteuil avec près des trois quarts des voix ; sa ligne pro-NUPES lui a fait perdre environ 25 points.

Au vrai, le score étant très serré, le PS s’est divisé en deux moitiés à peu près égales quand il s’est agi de juger l’alliance. La stratégie d’accompagnement de la France insoumise ne lui a rien rapporté et elle suscite une forte contestation dans ses rangs. La conclusion est claire : entre la fronde des communistes et des écologistes, la crise interne de LFI, la baisse dans les sondages et maintenant la fracture au sein du PS, à quoi s’ajoute sa probable explosion lors des élections européennes, le bilan de la NUPES présente un bilan globalement négatif. Son seul résultat est d’assurer la domination de LFI sur la gauche.


La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner


Ses promoteurs comptent sur la mobilisation contre le projet Borne de réforme des retraites pour pallier cet affaiblissement. Mais c’est une unité de pure protestation. Dès qu’il s’agit de savoir quoi faire, les uns défendent la retraite à 60 ans avec 40 années de cotisations, les autres un système à 62 ans et 43 années de cotisation et mettent l’accent sur la pénibilité, ce qui fait une grande différence. Dans ces conditions, la future direction du PS sera placée devant un dilemme : ou bien poursuivre dans la voie choisie il y a un an et rester dans la roue de Jean-Luc Mélenchon, ou bien s’émanciper de l’emprise LFI et travailler à la refondation du parti autour d’un projet neuf. C’est l’enjeu du vote de jeudi prochain.

 

Crédit photo :Le Figaro

 

Laurent Joffrin

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Président du mouvement @_les_engages