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La peur russe
Poutine commence-t-il à paniquer ? L’attaque qu’il vient de lancer contre les civils ukrainiens incite à le penser. Quelque 75 missiles ont été dirigés lundi matin contre les villes ukrainiennes, visant le quartier central de Kiev (où se situent les organes gouvernementaux) et les réseaux de distribution énergétiques. Plus de la moitié ont été interceptés par la défense ukrainiennes, mais les autres ont tué des dizaines de personnes parmi les civils et risquent d’entraver l’approvisionnement de la population en eau et en électricité.
Ce bombardement, si l’on en croit les experts, aura peu de conséquences sur les capacités militaires ukrainiennes. Il vise plutôt à intimider la population civile et à montrer que les forces russes sont prêtes à monter d’un cran dans la violence en dépit des revers qu’elles ont subis depuis l’été, notamment après l’explosion qui a frappé le pont reliant la Crimée à la Russie. Bousculée sur le terrain, la Russie use de l’arme aérienne pour tenter de de compenser – ou de masquer - ses reculs au sol. Cette démonstration de force, que Poutine a promis de réitérer, est surtout un signe de faiblesse.
L’ennui pour Poutine, c’est que l’expérience passée a démontré les limites de cette tactique. En général, le bombardement des populations civiles n’affaiblit guère leur volonté de résistance. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le « blitz » infligé par Hitler à la population britannique à l’automne 1940 n’a pas entamé la détermination de Londres, au contraire. Symétriquement, les attaques aériennes massives lancées par les Alliés contre l’Allemagne ou le Japon n’ont pas découragé la population des deux pays. C’est l’offensive terrestre qui est venue à bout du Troisième Reich, avec la prise de Berlin, et le double bombardement atomique d’Hiroshima et Nagasaki qui a conduit à la reddition japonaise (sachant que les États-Unis avaient le monopole de la nouvelle arme, ce qui n’est évidemment pas le cas de Poutine). Aussi bien, les bombardements américains au Viêtnam n’ont pas évité la défaite finale, pas plus que les opérations aériennes en Afghanistan.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Au vrai, il est probable que l’opération russe a surtout un but politique : faire taire les critiques internes venues des factions les plus bellicistes qui enragent de voir leur armée tenue en échec. Sans que cette meurtrière gesticulation ait grande influence sur le cours réel de la guerre, qui se joue d’abord au sol, dans le sud et à l’est du pays.
Ces péripéties sanglantes, dès lors que le gouvernement ukrainien maintient sa volonté d’indépendance et sa détermination à se battre, ne doivent en rien affaiblir la ligne de conduite des démocraties et notamment celle de l’Union européenne. Vladimir Poutine ne cesse de démontrer sa dangerosité pour la stabilité du continent et pour la paix mondiale. Aucun pays démocratique, aucun gouvernement libre, ne peut se permettre de lui offrir la victoire. Il n’est d’autre solution que de poursuivre et renforcer le soutien matériel au gouvernement de Kiev, de refuser de céder au chantage nucléaire, pour faire reculer l’envahisseur et négocier, une fois le rapport des forces sur le terrain modifié, un arrangement honorable qui débouche sur une paix durable dans la région. En Ukraine se joue l’avenir du continent et la sécurité des démocraties. Aucune raison de changer de stratégie…
Créateur : Cartarium | Crédits : Getty Images/iStockphoto
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