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LA RETRAITE A 65 ANS : UNE MESURE IDEOLOGIQUE ET INJUSTE
La proposition d’Emmanuel Macron de reporter l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans est une mesure idéologique : elle est non seulement injuste, mais inutile et même coûteuse pour les finances publiques.
Par cette proposition le Président-candidat marque une nouvel fois son ancrage à droite.
Cette mesure est injuste.
- Elle frapperait les salariés des métiers les plus pénibles. Un ouvrier vit en moyenne six ans de moins qu’un cadre. L’espérance de vie en bonne santé d’un ouvrier est inférieure de dix ans à celle d’un cadre. Un ouvrier à 35 ans a 18 % de chances de mourir avant 65 ans, contre 7 % pour un cadre. Reculer de trois ans l’âge légal de départ à la retraite, c’est réduire le nombre d’années de vie en bonne santé des travailleurs des métiers les plus pénibles.
- Cette mesure augmenterait le chômage des seniors. A 60 ans, près de 54 % des hommes et 52 % des femmes qui étaient salariés à l’âge de 55 ans ont déjà quitté leur emploi. La réforme de 2010 a provoqué une augmentation de la durée au chômage des personnes de plus de 60 ans présentant des incapacités. La France affiche le triste record du taux d’emploi des seniors le plus faible d’Europe !
- Enfin, cette réforme ne prend pas en compte la pénibilité des métiers. Les ordonnances Macron de 2017 ont supprimé le compte de pénibilité, instauré par la gauche, au profit d’un compte prévention qui ne reprend que six des dix critères initialement prévus. Les critères de pénibilité les plus graves, concernant notamment les ouvriers de l’industrie et du bâtiment, ont été supprimés : manutention manuelle de charges, postures pénibles, vibration mécanique et agents chimiques dangereux.
Le report de l’âge légal de la retraite à 65 ans serait également une mesure inutile. Il n’y a pas d’urgence financière à mettre en place une telle réforme. Le système de retraites a certes enregistré un déficit de 0,6 % du PIB en 2020 en raison de la baisse de l’activité due au COVID. Mais le Conseil d’orientation des retraites (COR) indique qu’avec la reprise de l’activité en 2021, la part des dépenses de retraite dans le PIB devrait, dès 2022, retrouver un niveau proche de celui d’avant la crise.
Cette proposition risquerait même d’être au final coûteuse pour les finances publiques.
- Le report de l’âge légal à 65 ans induirait une augmentation des dépenses sociales. Les deux administrations statistiques des ministères sociaux (DARES et DREES), dans une étude de 2019, prévoient un important « effet d'éviction » vers d'autres prestations sociales : chômage, invalidité, handicap, arrêts maladie. Le relèvement de 62 à 64 ans de l'âge d'ouverture des droits à la retraite induirait une augmentation des dépenses en prestations sociales de 3,6 milliards d’euros (0,14 point de PIB) portant en particulier sur les pensions d'invalidité, les minima sociaux et les indemnités journalières de Sécurité sociale et une augmentation des dépenses d’indemnités chômage à hauteur d’1,3 milliard d’euros.
- L’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prédit une hausse progressive du chômage freinant les salaires, la consommation des ménages et par conséquent les recettes, pour un gain réduit à seulement 0,1 point de PIB.