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Lula le social-démocrate
Comment dit-on « ouf » en portugais ? La précision serait utile pour exprimer le sentiment des démocrates après la victoire du Lula au Brésil. Élu à 50,9 % des voix, le revenant de la politique brésilienne, de nouveau président trois ans après avoir quitté sa prison, a écarté de justesse le désastreux Bolsonaro, sauvant la démocratie brésilienne d’un deuxième mandat au populisme baroque et obscurantiste. Victoire à demi-rassurante : près de la moitié des Brésiliens ont souscrit aux discours extrêmes du président sortant, fondé sur le déni climatique, l’autoritarisme, l’alliance organique avec la secte évangélique et la célébration des « valeurs conservatrices » ; Lula se retrouve à la tête d’un pays déchiré où les bolsonaristes occupent d’importantes positions de pouvoir au Parlement et dans les grands états de la fédération. La différence de voix, d’à peine plus de deux millions sur quelque 60 millions d’électeurs, est très faible et c’était le scénario le plus pessimiste, au regard des projections à l’issue du premier tour.
Cela veut dire que les reports de voix des deux candidats en troisième et quatrième position, dont les partis se sont prononcés en faveur de Lula, n’ont pas été bons. La défiance vis-à-vis de Lula reste grande… Il faudra de plus contrer les résistances de Bolsonaro lui-même, qui reste Président jusqu’au 1er janvier de l’année prochaine et qui n’a toujours pas concédé sa victoire. Lula aura besoin de toute son habileté et de toute son éloquence pour réunifier la société brésilienne et, comme il l’a annoncé, mener une politique favorable aux plus démunis, alors qu’il n’y a pas de majorité au Congrès. La gauche gouverne le plus grand pays d’Amérique latine, mais d’extrême justesse et dans une position fragile.
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Cette victoire à l’arraché livre néanmoins une leçon politique : ce n’est pas en opposant à la radicalité réactionnaire une radicalité symétrique que Lula a vaincu. Au contraire, c’est en tissant patiemment une vaste coalition allant de l’extrême-gauche au centre-droit, autour d’un programme d’esprit social-démocrate, qu’il a fait mordre la poussière à Bolsonaro. Politique madré, le chef du Parti des Travailleurs (PT) a mis son parti au second plan et négocié de larges compromis autour d’une plate-forme commune qui a rassemblé sur son nom la majorité des électeurs. Un pouvoir de centre gauche succède à l’extrême-droite : voilà qui doit faire réfléchir jusqu’en Europe et – pourquoi pas ? – jusqu’en France.
Crédit photo : L'avenir.net
Et aussi
Sandrine Black Bloc
La tolérance progresse. Venu soutenir les manifestants qui protestent contre l’implantation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) d’une « mégabassine » d’eau à l’usage d’une agriculture trop intensive, Yannick Jadot a été hué pendant son discours et sa voiture taguée par l’élégant qualificatif de « crevure ». Interrogée sur ce point de méthode, son adversaire Sandrine Rousseau a refusé de se désolidariser des insulteurs sans doute liés au mouvement « Black Bloc » et fait l’éloge d’une « écologie de combat ». On va finir par se demander ce que les écologistes rationnels comme Jadot font encore dans le même parti qu’une responsable qui cautionne les agissements délétères de cette frange violente et sectaire. Ils espèrent gagner le prochain congrès, dira-t-on. Mais s’ils le perdent ?
Antisémitisme et jésuitisme
Gaël Giraud, ancien financier, jésuite mélenchoniste, conférencier à la mode, estime qu’Emmanuel Macron est « sous la coupe de David de Rothschild », dont il ne serait qu’un « enfant-soldat ». Cette subtile analyse a été jugée conspirationniste et entachée d’antisémitisme par sa province jésuite, qui a condamné ces étranges propos. L’intéressé a présenté des excuses. L’ennui est que ce bon apôtre de la gauche radicale n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà déclaré que la guerre d’Ukraine n’était qu’un « piège tendu par la CIA » pour séparer Kiev et Moscou. Voilà qui relativise la crédibilité de ses thèses sur d’autres sujets, d’autant que son dernier ouvrage, célébré par une légion de naïfs, est agrémenté de plusieurs plagiats.