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Pécresse : nadir au Zénith
Valérie Pécresse, elle le confesse, n’est pas une oratrice de meeting. Plus efficace à la télévision, elle se range dans la catégorie des « faiseuses » et non des « diseuses ». Ainsi, sur la forme en tout cas, le grand rassemblement du Zénith, censé relancer sa campagne, débouche sur un flop rhétorique. Déclamant un texte qui lui semble étranger, la candidate a livré une prestation artificielle, dont chacun a vu et entendu qu’elle sonnait faux, où les envolées laborieuses manquaient leur cible, où les formules scolairement préparées tombaient à plat. Ce Zénith est son nadir.
Manque d’habitude, maladresse d’une diplômée faible à l’oral, ou manque d’envergure, comme le livre abruptement en privé un Sarkozy vexé de n’être pas assez révéré, manifestement tenté d’aider un Macron ultra-favori ? Pas seulement, on peut le soupçonner. Si Pécresse joue faux, c’est aussi qu’elle n’est pas dans son emploi. Chacun a noté la porosité de son discours face aux slogans vengeurs de l’extrême-droite, dont le symbole éloquent réside dans l’adoubement dangereux du concept de « grand remplacement », perle du discours du Zénith, et fable horrifique inventée par les théoriciens d’un racisme new-look antimusulman. Le reste à l’avenant…
La lettre politique de Laurent Joffrin | S'abonner
Cette droitisation galopante lui impose un rôle de composition. Chiraquienne avant tout, filleule politique revendiquée de Simone Veil, européenne, plutôt raisonnable, libérale, compétente, elle se croit obligée, devant la dérive réelle ou supposée de son électorat, de se muer en candidate de l’identité et de l’ordre musclé. Elle oublie que c’étaient là les principales raisons qui ont motivé son départ de sa formation politique en 2019, vers laquelle elle est revenue. Elle était anti-Wauquiez, elle le dépasse sur sa droite. Elle se contraint à réciter un catéchisme qui n’est pas le sien. Elle campe un personnage qui, en fait, ne lui ressemble pas. Il y a une vérité des discours de meeting. Pour être crue, il faut croire à son propre verbe. Tel n’est pas le cas. L’électeur le sent, et risque fort de se détourner d’une candidate qui manque de sincérité. À force de courir après le leitmotiv identitaire, elle perd son identité. À force de négliger, par tactique, les valeurs qui fondent sa légitimité, la candidate des Républicains oublie la République. Elle voudrait une synthèse patriotique. Elle se noie dans l’imitation nationaliste.
Source image : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2_Coord_Equat.jpg