ECOLOGIE

Pour une formation du public et des élus aux enjeux liés au climat, à l’énergie et à la préservation des ressources

Les Engagé.e.s | 15 Décembre 2021

L’action contre le dérèglement climatique est désormais reconnue par le plus grand nombre d’entre nous comme une nécessité vitale, et pourtant nous éprouvons tous les jours la difficulté à en saisir toutes les implications. Touchant les fondements de notre modèle de société, cette lutte comporte en effet de nombreuses dimensions.

I. MOTIVATIONS

La première dimension tient au fait qu’elle doit mobiliser simultanément l’action collective, au niveau national ou territorial, l’action des acteurs économiques et l’action des individus.

Ce lien étroit est constaté dans de nombreux domaines :

En matière de logement devront être actionnés simultanément le soutien public à la rénovation de masse et l’acte individuel de la décision d’investissement ; en matière d’alimentation le développement d’une agriculture durable devra rencontrer la modification des habitudes alimentaires ; en matière de mobilités les investissements lourds pour de nouvelles infrastructures devront être accompagnés de nouvelles pratiques : développement du covoiturage, de l’usage des transports collectifs, du vélo… Plus fondamentalement encore, l’emploi de demain sera différent de celui d’aujourd’hui. Ces nouveaux emplois, auxquels l’enseignement et la formation devront nous préparer, pourront nécessiter reconversion professionnelle et déplacements des lieux d’habitation.

Les exemples sont nombreux et soulignent à quel point il est nécessaire de mobiliser le public non seulement comme consommateur, usager, professionnel mais aussi comme soutien voire initiateur des politiques publiques.

Dans ce contexte, la compréhension plus claire par le plus grand nombre des enjeux auxquels nous sommes confrontés et de la multitude des formes de l’engagement individuel est une condition absolue de la réussite de notre action pour le climat. Cette action, autrement dit, n’est pas que l’affaire des institutions, publiques ou privées. Elle est aussi et sans doute surtout, de la responsabilité de chacun d’entre nous.

 

Une deuxième dimension de cette lutte, ajoutant à sa complexité, est son caractère global, systémique. Le dérèglement climatique trouve d’abord son origine dans un modèle de développement qui s’est appuyé sur un accès aisé aux énergies fossiles abondantes. Mais à mesure que ces ressources s’épuisent, que les effets sur le climat des émissions de gaz à effet de serre s’aggravent, nous constatons que notre empreinte sur la planète dépasse ce seul enjeu pour toucher à la fois les ressources de toute nature et, avec une gravité croissante, les écosystèmes qui forment le monde du vivant, menaçant ainsi l’ensemble de la biodiversité.

Si la question du dérèglement climatique apparaît désormais comme urgente aux yeux de la majorité d’entre nous, elle doit être vue comme la partie émergée d’un questionnement plus large qui doit nous conduire à mieux comprendre l’impact de nos activités humaines sur la planète.

 

C’est dans ce cadre, formé de la nécessité d’accompagner, soutenir et amplifier l’engagement du public dans la lutte pour le climat, la préservation des ressources de la planète et celle du vivant qu’est avancée la proposition présentée ici.

Née de l’attente croissante du public pour une information de qualité, factuellement robuste et non suspecte de positionnement partisan, cette proposition vise à

offrir à chacun l’accès à un parcours de formation

aux enjeux associés au climat, à l’énergie et à la préservation des ressources.

Elle repose sur la conviction, régulièrement réaffirmée par la communauté internationale depuis 1972 (voir annexe 2), que « dans le domaine de l'environnement, un meilleur accès à l'information et la participation accrue du public au processus décisionnel permettent de prendre de meilleures décisions et de les appliquer plus efficacement. » (Convention d’Aarhus, 1998).

 

II. PRESENTATION DE LA FORMATION PROPOSEE

II.1 Public visé

Voulue en première intention à destination du public, la formation s’adresse également à l’ensemble des élus qui, du fait même de leurs missions, sont au cœur de ces enjeux et pour qui elle est jugée nécessaire. Elle est donc obligatoirement organisée pour les élus ayant reçu délégation[1].

La formation proposée vise deux publics :

  • Le public : elle est gratuite et proposée sur une base volontaire
  • Les élus : elle est obligatoirement organisée pour les élus ayant reçu une délégation

 

II.2 Finalité de la formation

Offrant les clés de compréhension des phénomènes physiques à l’œuvre dans le dérèglement climatique, de l’importance et des limites de notre dépendance à l’énergie et aux ressources naturelles et de l’importance de préserver la biodiversité, la formation s’attachera non seulement à sensibiliser le participant à ces enjeux mais aussi à lui permettre d’envisager son propre engagement.

La formation vise à favoriser l’engagement du public et des élus
dans l’action pour le climat et pour la préservation des ressources.

S’agissant de l’élu, la finalité spécifique de la formation est d’abord de lui donner les moyens d’accompagner et de diffuser l’information et la formation du public à ces enjeux et de préciser son action d’élu en faveur du climat. Si la formation de base est commune à celle du public, celle de l’élu comportera des modules spécifiques.

 

II.3 Condition essentielle de réussite

Une condition de mise en œuvre de cette proposition, dont l’objectif est de favoriser l’engagement du public et des élus, est que la collectivité nationale se donne simultanément les moyens de conduire une action publique sur ces enjeux susceptible de rencontrer la confiance du public.

La présente proposition s’inscrit dans une démarche cohérente avec la proposition relative à la planification et la conduite de l’action collective pour le climat, présentée en parallèle.[2]

 

II.4 Contenu et volumétrie indicatifs

Les éléments présentés ci-après sont proposés à partir de références d’actions de sensibilisation organisées à l’initiative d’associations actives dans ce domaine (voir ces références plus loin).

La formation proposée devra répondre aux critères suivants :

  • Une présentation nécessaire et suffisante de la physique du climat, de l’énergie et des cycles biologiques illustrant les « services écosystémiques » rendus par la nature. Il est estimé qu’une vulgarisation scientifique de qualité est accessible au plus grand nombre
  • La formation doit s’appuyer sur une présentation des connaissances (scientifiques, techniques, économiques) partagées sans occulter les incertitudes qui peuvent subsister. La question des garanties d’objectivité des enseignements apportés devra être traitée avec soin.
  • Les personnes formées doivent pouvoir à l’issue de la formation
  • Restituer les éléments clés de compréhension du climat et des risques associés au réchauffement climatique en France et dans le monde
  • Comprendre la place centrale de l’énergie et de la consommation de ressources dans l’économie
  • Disposer de repères de compréhension de l’action collective en faveur de la lutte pour le climat
  • Comprendre les enjeux de protection de la biodiversité
  • Identifier les actions individuelles accessibles à chacun et envisager leur propre engagement futur
  • Proposer des outils complémentaires pour aller plus loin : ressources documentaires, outils de comptabilité carbone, modules spécialisés techniques ou territoriaux, liens vers des formations qualifiantes.

 

Les thèmes suivants seront traités :

  • Le climat, le réchauffement climatique, les institutions (GIEC)
  • L’énergie : définition, éléments quantitatifs, les différentes formes d’énergie et de production d’énergie, les consommations par usage
  • La comptabilité carbone nationale, des entreprises et l’empreinte carbone des individus
  • L’action individuelle, l’action publique, des entreprises, des associations tant en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre que d’adaptation au réchauffement climatique
  • La préservation des ressources et de la biodiversité

Sur ces bases la durée d’une telle formation est estimée entre 8 et 12 heures / personne, voire plus avec des modules additionnels.

Cette formation pourra être proposée sous la forme d’un parcours en deux à trois sessions d’une demi-journée.

 

II.5 Modalités pédagogiques

Sur la base des expériences existantes, le déroulement en ateliers participatifs de 8 à 12 personnes environ en présentiel est privilégié.

Une importance particulière sera donnée au travail collectif et aux interactions entre participants et avec l’animateur, sur l’exemple de la « Fresque du Climat ».

En outre une plateforme numérique nationale donnera accès aux ressources complémentaires indiquées précédemment et à des modules spécialisés sous forme de MOOC (Massive Open Online Course).

 

II.6 Conception détaillée et déploiement de la formation

Le programme de formation des élus sera conçu et élaboré sous l’égide du conseil national de la formation des élus locaux mentionné à l’art. L.1221-1 du CGCT. Celui de la formation des publics sous l’égide du conseil national de la transition écologique.

Les associations disposant d’une expérience dans la mise en œuvre d’actions analogues seront associées à la conception et la diffusion de la formation.

Le déploiement de la formation sera réalisé en s’appuyant sur les relais suivants :

  • Les collectivités qui coordonneront sur leur territoire l’organisation de la formation à la demande des habitants ou sur leur initiative, par exemple, en soutien aux actions de participation du public qu’elles mettront en œuvre pour l’élaboration ou l’actualisation de leur Plan climat air énergie territorial (PCAET).
  • Les chambres consulaires : chambres de commerce, d’agriculture, des métiers, de l’Economie Sociale et Solidaire. Elles auront pour mission de promouvoir la formation afin de toucher en particulier les professions indépendantes.
  • Les entreprises, soit au travers des comités d’entreprises, soit dans le cadre de démarches de mise en œuvre d’une stratégie d’entreprise en faveur du climat ou de « Responsabilité Sociétale des Entreprises » (RSE).
  • Les associations qui pourront solliciter la tenue de cette formation pour leurs adhérents

 

II.7 Financement

Le financement est assuré par l’Etat sur l’enveloppe dédiée au financement des investissements publics pour le climat. Il peut être complété par les collectivités territoriales concernés dans le cadre des dispositifs prévus par la loi. (Voir l’évaluation du besoin de financement en annexe).

 

Auteur : Benoit Cogné

 


 

ANNEXE 1

POINTS PARTICULIERS

Recensement des conférences existantes accessibles au public et des structures associatives à solliciter

Ont été identifiées plusieurs conférences accessibles au public :

  • La « Fresque du Climat »créée par Cédric Ringenbach et déployée par l’association de la Fresque du Climat :

https://fresqueduclimat.org/

https://fresqueduclimat.org/wp-content/uploads/2019/07/FDC-plaquette-presentation-1.pdf

Atelier en groupes de 4 à 8 personnes d’une durée de 3 heures visant à comprendre les différentes composantes du dérèglement climatique. L’atelier est décomposé en trois temps : Phase de constitution de la fresque, phase créative, phase de debriefing.

Cet atelier rencontre un très vif succès (150 000 participants et 6 000 animateurs formés à ce jour) et vise l’objectif de 1 million de personnes sensibilisées, en France et à l’étranger, dans les deux à trois prochaines années.

Il connaît de très nombreuses variantes, portées par d’autres associations, sur le numérique, la mobilité, l’alimentation, la biodiversité…

  • Jeu Inventons nos vies bas carbone édité par l’association Résistance Climatique.

https://www.resistanceclimatique.org/inventons_nos_vies_bas_carbone

Présenté comme un complément à la « Fresque du Climat », le jeu est axé sur l’empreinte carbone individuelle et les actions pour la réduire. Jeu en groupe jusqu’à 30 personnes d’une durée de 30 mn à 2 heures environ

  • MOOC Energie et Climat réalisé par l’association Avenir Climatique, vidéos accessibles en ligne, en 3 « saisons » (Energie-climat, Compter le carbone, Freins à la transition) chacune composée de 5 vidéos de 20 mn environ, soit un total de 5 heures environ

 

  • Conférences Teach The Shift réalisées par l’association des Shifters, en présentiel, sous trois formats : Grand public, Etudiants et Entreprises, Elus locaux. La version grand public dure 1h30 environ. Elle aborde le réchauffement climatique, la comptabilité carbone et les gestes individuels

 

  • Cours Energie – Climat – Mines Paris Tech – J.-M. Jancovici vidéos accessibles en ligne d’une durée totale de 20 heures environ abordant les thèmes : comprendre l’énergie, les énergies fossiles, le climat, les économies d’énergie, le nucléaire, les énergies renouvelables, la comptabilité carbone

 

Ce recensement montre la richesse des initiatives de la société civile en faveur de la sensibilisation du public aux enjeux du climat, de l’énergie et de préservation des ressources.

La conception et la conduite de la formation proposée devra s’appuyer sur les associations qui portent aujourd’hui ces initiatives du fait de l’expertise qu’elles ont développée.

Devront également être associés à la démarche, outre les organismes publics déjà cités au paragraphe 2.4., le réseau des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement – CPIE ainsi que les réseaux des Tiers Lieux – France Tiers Lieux.

Il y a un enjeu extrêmement fort à réussir un partenariat ambitieux et respectueux entre l’Etat, pilote du dispositif, les collectivités territoriales et le tissu associatif, force vive historique de la sensibilisation aux enjeux du climat et de l’environnement, qui devra trouver là l’opportunité d’amplifier son action.

La capacité de l’Etat à construire ce partenariat est la deuxième condition de réussite de l’action, après la nécessité déjà soulignée d’inscrire ce dispositif en cohérence avec une action publique convaincante de planification et de pilotage de la transition pour le climat et la préservation des ressources.

 

Evaluation du coût et de la faisabilité de la formation

Sur la base d’une hypothèse ambitieuse de 5% du public formé sur 4 ans, soit 2 500 000 personnes, le coût du dispositif est estimé entre 50 et 100 M€/an.

Ce coût peut être comparé au coût des investissements publics en faveur de la décarbonation de l’économie, évalué par l’institut I4CE à 30 Md€/an de 2023 à 2028. (Panorama des financements climat – édition 2019).

La formation représenterait donc entre 0,2% et 0,3% de ces coûts, ce qui est réaliste au regard des enjeux.

Une autre question concerne la possibilité de mobiliser le nombre de formateurs nécessaire à l’atteinte de l’ambition affichée (environ 500 en équivalent temps plein). Ceci ne semble pas être un problème en s’adressant, par exemple, aux jeunes sortant d’études supérieures.

 

Modalités relatives à la conception et au déploiement de la formation

Plusieurs points devront être considérés :

  • Neutralité des enseignements, à garantir par l’Etat.
  • Structures en charge de la conception de la formation: Comme indiqué précédemment, les associations disposant d’une expérience en la matière devront être associées à la conception, à l’élaboration des programmes de formation et à leur déploiement, sous l’égide des organismes publics mentionnés au paragraphe 2.4.
  • Planning: un planning comprenant une année de conception et d’expérimentation, puis quatre années de déploiement progressif paraît réaliste pour atteindre 5% de la population formée et si possible plus.

 

Relation avec l’enseignement scolaire

La proposition s’adresse à tous les publics à partir de 16 ans, afin de garantir le succès de la transition bas-carbone pour laquelle toute la population est invitée à se mobiliser (voir la finalité de la formation, telle qu’exprimée précédemment).

La question de l’enseignement aux enjeux climatiques et de préservation des ressources pendant l’enseignement scolaire est également importante mais répond à un autre besoin : préparer les générations futures, ce qui n’est pas l’objet de la présente proposition.

Pour autant, des passerelles pourront être réfléchies, comme l’appel à des enseignants pour assurer la formation, ou des ateliers en commun adultes/enfants.

Il est intéressant de noter que des écoles d’ingénieurs comme l’INSA ou l’Ecole des Mines se mobilisent pour intégrer l’enseignement à ces enjeux dans leurs cursus. Des synergies pourront certainement être trouvées ici.

 

Communication grand public

La solution d’une communication au grand public financée sur fonds public peut être envisagée en parallèle et en cohérence avec cette démarche.

Elle ne peut la remplacer dans le sens où la formation proposée est un dispositif conçu sous la forme d’ateliers participatifs favorisant l’échange et la projection du participant vers « l’après formation ».

Cette communication vers le grand public, sous forme de MOOC ou de reportages, aurait donc comme principal objectif de susciter son intérêt pour la formation proposée.

 


 

ANNEXE 2

Rappel historique sur la reconnaissance de la nécessité d’un accès pour le plus grand nombre à un enseignement de qualité aux enjeux climatiques et de protection de l’environnement

  • Principe 19 de la déclaration de Stockholm de 1972 :

"Il est essentiel de dispenser un enseignement sur les questions d’environnement aux jeunes générations aussi bien qu’aux adultes, tenant dûment compte des moins favorisés, afin de développer les bases nécessaires pour éclairer l’opinion publique et donner aux individus, aux entreprises et aux collectivités le sens de leurs irresponsabilités en ce qui concerne la protection et l’amélioration de l’environnement dans sa dimension humaine. Il est essentiel aussi que les moyens d’information de masse évitent de contribuer à la dégradation de l’environnement et, au contraire, diffusent des informations de caractère éducatif sur la nécessité de protéger et d’améliorer l’environnement afin de permettre à l’homme de se développer à tous égards."

  • Principe 10 de la déclaration de Rio de 1992 (extrait) :

" Les Etats doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la participation du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci."

  • Convention d'Aarhus du 25 juin 1998 (préambule) :

"Reconnaissant que, dans le domaine de l'environnement, un meilleur accès à l'information et la participation accrue du public au processus décisionnel permettent de prendre de meilleures décisions et de les appliquer plus efficacement, contribuent à sensibiliser le public aux problèmes environnementaux, lui donnent la possibilité d'exprimer ses préoccupations et aident les autorités publiques à tenir dûment compte de celles-ci."

  • Charte pour l'environnement de 2004 (inscrite dans la Constitution en 2005) :

Art. 2 : "Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation de l'environnement".

Art. 8 : "L'éducation et la formation à l'environnement doivent contribuer à l'exercice des droits et devoirs définis par la présente Charte".

  • Accord de Paris du 12 décembre 2015 :

- Préambule : "AFFIRMANT l'importance de l'éducation, de la formation, de la sensibilisation, de la participation du public, de l'accès de la population à l'information et de la coopération à tous les niveaux sur les questions traitées dans le présent Accord,"

- Article 12 : "Les Parties coopèrent en prenant, selon qu'il convient, des mesures pour améliorer l'éducation, la formation, la sensibilisation, la participation du public et l'accès de la population à l'information dans le domaine des changements climatiques, compte tenu de l'importance que revêtent de telles mesures pour renforcer l'action engagée au titre du présent Accord."

 

[1]  En vertu du 1er alinéa de l’art. L.2123-12 du CGCT : « Les membres d’un conseil municipal ont droit à une formation adaptée à leurs fonctions. Une formation est obligatoirement organisée au cours de la première année de mandat pour les élus ayant reçu une délégation. » Cet alinéa pourrait être complétée par une phrase précisant : « Cette formation comprend des modules consacrés au changement climatique et à la biodiversité ».

[2] En cours d’étude

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