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Présidentielle : ? - Lettre politique #105
Depuis l’été, les candidatures tombent comme à Gravelotte. Écologistes, insoumis, socialistes, conservateurs, souverainistes, nationalistes, identitaires, gilets jaunes ou antivax, chaque parti, chaque courant, chaque sensibilité présente la sienne, quand ce n’est pas plusieurs.
Sont, entre autres, déjà candidats ou sur le point de l’être : Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Yannick Jadot, Éric Piolle, Sandrine Rousseau, Delphine Batho, Jean-Marc Gobernatori, Stéphane Le Foll, Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg, Pierre Larrouturou, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Éric Ciotti, Michel Barnier, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Éric Zemmour, Florian Philippot, François Asselineau… Sans oublier, bien sûr, Emmanuel Macron. Ouf ! Un seul siège et une vingtaine de séants. On dira ensuite que la politique n’intéresse personne.
Évidemment, la profusion engendre la confusion. Pour bâtir des hypothèses, il faut savoir qui est en lice, c’est aujourd’hui une énigme enveloppée d’un mystère. Certes, la plupart de ces candidats n’iront pas au bout. Mais lesquels ? L’opinion observe de loin cette prolifération, attendant d’approcher l’échéance pour commencer à faire son choix. Ce qui n’aide guère à la décantation : les sondages devraient peu à peu départager les concurrents mais les sondés sont submergés par ce déluge d’impétrants. Du coup, les enquêtes sont désespérément stables, plaçant Marine Le Pen et Macron au second tour, et reconduisant le président sortant à l’Élysée.
La gauche n’est pas la plus avare : elles ou ils sont dix sur la ligne de départ. À priori déprimant – comment sortir de la division alors que chacun se juge légitime ? – ce trop-plein conduit souvent à une erreur de calcul. La division, dit-on, envoie le camp progressiste dans le mur. L’arithmétique le dit, bien sûr. Mais pas la politique. Un peu d’histoire… Trois fois la gauche a gagné la présidentielle. Trois fois, elle était divisée : en 1981 et en 1988 avec Mitterrand, en 2012 avec Hollande. En 1974, elle était unie, mais son candidat unique – Mitterrand encore – a perdu.
Ce qui compte en fait, ce n’est ni le nombre, ni la dispersion. C’est la force relative des candidatures. Chose facile à comprendre : si on se partage le gâteau à égalité, les parts sont petites. Mais si l’une ou l’autre candidature s’impose, sa portion grossit, laissant des miettes aux autres, ce qui peut conduire au second tour. En d’autres termes, il faut, pour avoir une chance, qu’une personnalité se détache et laisse les autres loin derrière. Ce qui fut le cas de Mitterrand et Hollande.
Qui peut se détacher ? À priori tout le monde. Mais si l’électeur de gauche est rationnel, il se détournera de toute radicalité. Là encore, le raisonnement est simple : pour progresser et reprendre des électeurs, la gauche doit présenter des garanties de sérieux et un sens du compromis. Seuls les réformistes en sont capables : Mitterrand et non Marchais, Hollande et non Mélenchon, Biden et non Sanders, etc. Ce qui donne sa chance à une candidature socialiste et républicaine. Une petite chance ? Certes. Mais une vraie chance.
Très belle rentrée à toutes et tous !